L’OMS en appelle à une approche systémique de la santé
Le confort de vie et l’accès aux soins des individus ne peuvent s’envisager en dehors de considérations écologiques et sociales, souligne l’organisation.
« Tenter de faire des économies en négligeant la protection de l’environnement, la préparation aux situations d’urgence, les systèmes de santé et les filets de protection sociale, s’est avéré une fausse économie, et la facture est d’autant plus lourde aujourd’hui ». Est-ce parce qu’on a reproché à l’organisation mondiale de la Santé (OMS) un certain retrait durant la crise de la Covid ? Toujours est-il que son directeur général, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a rappelé lors de la 73ème Assemblée mondiale de la santé, en mai 2020, un certain nombre de prérequis absolus au service d’une approche systémique, démocratique et solidaire de la santé.
La nature
Les plans globaux pour le relèvement post-Covid-19, et en particulier les plans pour réduire le risque d’épidémies futures, doivent remonter plus en amont que la détection précoce et l’endiguement des flambées de maladie. Ils doivent aussi réduire notre impact sur l’environnement, de façon à réduire le risque à la source.
L’eau et le savon
Une gestion rationnelle des pathogènes résistant aux antimicrobiens et présents dans l’eau et les déchets est nécessaire pour éviter toute propagation aux êtres humains.
Plus de 90% des citoyens dans le monde
respirent un air extérieur pollué.
En particulier, il est essentiel que les établissements de soins soient équipés de services d’eau et de savon, la toute première condition pour interrompre la transmission des infections.
La qualité de l’air
Plus de sept millions de personnes décèdent chaque année du fait de l’exposition à la pollution de l’air, soit un décès sur huit. Plus de 90% des citoyens respirent un air ambiant (extérieur) dont les niveaux de pollution sont supérieurs aux valeurs seuils de l’OMS. Deux tiers de cette exposition à la pollution extérieure sont dus à la combustion des carburants fossiles.
L’alimentation
Les maladies causées soit par le manque d’accès à la nourriture, soit par des régimes alimentaires nocifs pour la santé, à haute teneur en calories, sont désormais la principale cause du mauvais état de santé dans la population mondiale. Elles sont aussi un facteur de vulnérabilité accrue face à d’autres risques comme l’obésité et le diabète, premières causes de morbidité dans la crise de la Covid.
L’activité physique
Plus de la moitié de la population mondiale vit dans les villes, et celles-ci représentent plus de 60% de l’activité économique comme des émissions de gaz à effet de serre. Les villes se caractérisent par une densité de population relativement élevée et un trafic saturé. Il convient de promouvoir les infrastructures urbaines de transports publics, de marche et de vélo, afin de réduire la mortalité – plus de trois millions de décès annuels – liée au manque d’activité physique.
La taxe carbone
À l’échelle mondiale, chaque année, 400 milliards de dollars d’impôts versés par les contribuables servent à subventionner les carburants fossiles. Si l’on tient compte des dommages sanitaires et environnementaux que ces carburants provoquent, la valeur réelle des subventions s’élève à plus de 5 000 milliards de dollars, soit plus que la totalité des dépenses publiques de santé dans le monde. Faire en sorte que le prix des carburants polluants reflète les dommages qu’ils causent permettrait de réduire de moitié les décès dus à la pollution de l’air extérieur.