« La santé publique n’est pas l’apanage des professionnels de soins »
Quelle est la mission de Santé publique France ?
Notre mission est de faciliter l’usage des connaissances scientifiques dans un contexte donné pour protéger la population contre les risques en santé et améliorer la santé de tous, en portant une attention toute particulière aux plus précaires et aux plus fragiles. Le travail de l’agence consiste à collecter l’information, à structurer la réflexion sur les indicateurs de santé les plus pertinents – en tenant compte des marqueurs de défavorisation sociale –, à partager les solutions probantes en prévention et promotion de la santé, évaluer les actions et affiner les connaissances et les dispositifs.
Quelles leçons tirer de la crise de la Covid-19 ?
La pandémie a mis en lumière l’importance de la santé publique. Elle a aussi démontré l’efficacité opérationnelle de la prévention et de la promotion de la santé, en complément de la médecine. Chacun a pu constater que les actions collectives menées lors de la crise (gestes barrières, confinements…) ont permis de réduire la charge sur le système de soin. L’un des grands enseignements de la pandémie est la nécessité d’identifier le bon niveau d’action. A l’échelle nationale, il s’agit de construire et d’animer un système de surveillance qui va situer l’ensemble des territoires de vie sur une échelle de vulnérabilité et permettre d’agir de la manière la plus efficace possible à l’échelon le plus pertinent, par exemple de la ville jusqu’au quartier. Ainsi, c’est la connaissance scientifique et la diffusion de l’information disponible sur les indicateurs qui a permis, durant la crise, d’organiser des actions de type “ramener vers” ou “aller vers” pour vacciner les personnes les plus vulnérables.
La grande diversité des déterminants de santé ne complique-t-elle pas la donne ?
Ce n’est pas parce qu’on ne sait pas tout qu’on ne peut pas agir bien. La santé publique est une science d’identification des problèmes, mais aussi une science d’identification des solutions. Et elle n’est pas l’apanage des professionnels de soin. Elle renvoie à des déterminants très divers, individuels et collectifs, et à des réalités plurielles : la famille, l’école, la ville, le climat, etc. Un exemple : nous avons lancé fin octobre une campagne sur les mille premiers jours de la vie, de la grossesse jusqu’aux deux premières années de l’enfant.
L’un des grands enseignements
de la pandémie est la nécessité
d’identifier le bon niveau d’action.
L’idée est de sensibiliser le grand public en insistant sur l’importance de déterminants multiples : affectifs, alimentaires, physico-chimiques, etc. Parallèlement, nous élaborons une synthèse et une mesure de tous les indicateurs existant dans ce champ depuis dix ans pour les faire évoluer, là encore dans une logique opérationnelle, à l’échelon national et régional. Certaines ARS commencent ainsi à mettre en œuvre des actions ciblées dans les territoires sur ce sujet.
La culture de la prévention est-elle lacunaire en France ?
Sans doute a-t-on oublié des notions que l’on connaît et que l’on peut mettre en pratique à tous les âges de la vie. Il y a ici un incontestable travail d’éducation et de formation à réaliser. Avec ses 734 agents, Santé publique France ne peut pas tout faire. Mais nous portons à la connaissance publique une très grande quantité de données, d’informations et de ressources pédagogiques. La culture du risque doit aussi évoluer avec des interventions au sein de la famille, de l’école, de l’entreprise, des collectivités territoriales… La santé publique est un défi collectif.