« La France n’est toujours pas une nation sportive »
La pratique sportive dans les milieux professionnels est un enjeu majeur. Les dirigeants en ont-ils conscience ? Quels sont les moyens d’agir pour qu’ils passent à l’action ?
Si 85% des chefs d’entreprise sont effectivement convaincus des bienfaits de la pratique sportive, ils ne sont que 15% à mettre en œuvre des actions dans leur entreprise. Ce contraste peut notamment s’expliquer par les nombreuses contraintes juridiques et administratives auxquelles les employeurs font face pour développer le sport au sein de leur organisation. L’Union sport & cycle mène un travail quotidien avec les pouvoirs publics pour faciliter la pratique sportive en milieu professionnel et a obtenu plusieurs avancées positives comme la mise en application d’un seuil en deçà duquel la pratique sportive n’est désormais plus requalifiée par l’Urssaf comme avantage en nature.
Quels sont les autres freins ?
S’ajoute une interrogation concernant les accidents qui pourraient survenir pendant la pratique sportive en entreprise.
Le sport loisir a son importance.
Il n’y a pas que la pratique en club.
Via l’Agence nationale du sport (ANS), nous cherchons à obtenir des clarifications : peuvent-ils être qualifiés d’accidents du travail, oui ou non ? La question est cruciale. Il s’agit de rassurer les dirigeants, pour qu’ils développent la pratique sportive dans leurs structures. C’est d’ailleurs l’objectif de la plateforme de mises en relation entre les entreprises et les prestataires du sport, qui est en cours de finalisation au sein de l’ANS.
Les premiers éléments de sortie de crise laissent à penser que la sédentarité se développe. Comment enrayer cette tendance ?
En travaillant sur plusieurs axes. Tout d’abord, il faut donner aux Français l’envie de faire une activité physique. Pour les inciter, le gouvernement a lancé en août une campagne de communication nationale pour faciliter la relance au sein du monde sportif. Son slogan : « C’est trop bon de faire du sport ». Ensuite, il faut rappeler sans cesse l’importance d’entretenir son capital santé par l’activité physique. Le sport loisir a son importance. Il n’y a pas que la pratique en club. C’est aussi pourquoi je regrette que le Pass’Port, dispositif porté par les pouvoirs publics pour inciter les jeunes de 6 à 18 ans à faire du sport, ne concerne que la prise de licence dans un club : il aurait fallu l’ouvrir à tous les lieux de pratiques, associatifs ou marchands, afin de répondre à toutes les populations et toutes les formes de pratiques.
Ne faut-il pas également repenser la façon dont l’école enseigne le sport aux jeunes ?
Le sport fait partie des apprentissages essentiels, mais il n’occupe pas la place qu’il mérite à l’école. Les pouvoirs publics commencent à s’emparer de ce sujet. Avec les JO Paris 2024, nous avons en effet une responsabilité de réussite. L’enjeu est d’accorder une place plus importante à la pratique sportive dans la population française, et notamment chez les jeunes. L’école était jadis le principal vecteur de recrutement des clubs sportifs. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Faut-il également mettre l’accent sur les bienfaits, non seulement pour la santé, mais aussi sur le lien social ?
C’est une évidence. Car la pratique sportive est porteuse de valeurs, de respect, de citoyenneté, d’intégration. Elle aide à les diffuser et contribue, de ce fait, à resserrer le lien social. Il ne faut surtout pas négliger cet aspect et ne pas limiter le sport aux paillettes, au spectacle, à la performance. Le sport est transverse. Son enjeu est culturel. Car, si la France est une nation de sportifs, elle n’est pas encore une nation sportive.