Comment les clubs professionnels s’engagent dans le sport-santé
Les clubs professionnels accélèrent la mutation de leur modèle économique, après la crise sanitaire. Et s’engagent dans le sport-santé.
Loin d’être cantonnés à la seule compétition, les clubs professionnels s’investissent de plus en plus dans le sport-santé et, plus largement, dans des actions citoyennes. Par exemple, depuis 2018, le CARF (Club athlétique raphaëlo fréjussien) est signataire de la convention qui lie les clubs professionnels de l’agglomération et la Cavem (communauté d’agglomération Var Estérel Méditerranée) pour le développement et l’insertion par le sport. « C’est l’occasion aussi de promouvoir des messages de santé et de nutrition », complète le CARF. Côté football, le fonds de dotation « Fondaction du football », créé en 2008 et présidé par Patrick Braouezec, est dédié aux actions de responsabilité sociétale.
Le fonds de dotation « Fondaction du football »
est dédié aux actions de responsabilité sociétale.
Quelques exemples d’actions, aux quatre coins du pays : élaboration d’un programme de médecine éducative, avec intervention d’un médecin bénévole, au début de l’entraînement, une fois par mois (Stade athlétique spinalien, dans les Vosges), prévention de la malbouffe (École de foot Saint-Gilles, dans les Landes), actions de sensibilisation à la nutrition pour les plus jeunes, avec la réalisation de fiches et quizz, mise en application lors des goûters et collations du club (Athlétic club de Basse Goulaine, Loire-Atlantique), information « santé » par l’Association des Rosoirs (Lot), après que le club a constaté que la moitié des jeunes de moins de 13 ans ne prenait pas de petit déjeuner, consommait des produits inappropriés et que certains étaient en surpoids.
Transformation en Scic, stade intermédiaire entre association et entreprise
Autre évolution en cours, la transformation en Scic. Souvent constitués en associations, les clubs sportifs « sont alors démunis pour développer leur business, comme si la structuration associative constituait un frein à l’élaboration d’une vision », observe Guillaume Ghestem, avocat au barreau de Lille (cabinet Essentiel A). L’article 11 de la loi « Sport et société », en cours d’adoption au Parlement, prévoit de faciliter le passage des clubs sportifs vers l’économie sociale et solidaire, à travers le statut de Scic (société coopérative d’intérêt collectif). « Ce modèle présente plusieurs avantages : il réunit des partenaires publics et privés, les salariés et les usagers au sein de la gouvernance, dans un cadre élargi et démocratique, explique Bernard Amsalem, président de la Fédération française d’athlétisme de 2001 à 2016 et qui porte ce dossier au sein du CNOSF, dont il est administrateur. Autres intérêts : le statut de Scic reconnaît le bénévolat, alors que dans une association, les trésoriers ou secrétaires généraux prennent de gros risques juridiques et judiciaires. 300 clubs sont intéressés, « dont 20 clubs de football ». Doublement percutés par la crise de la Covid-19 et le fiasco du diffuseur Mediapro, les clubs hexagonaux de football se retrouvent enfin « face à l’urgence de repenser leur modèle », constate Vincent Chaudel, consultant en sport business. « Les clubs français présentent une télé-dépendance très élevée. Avec le retrait de Mediapro, et le trou d’air qui s’en est suivi, les clubs dépendent de la surface financière de leur propriétaire. Il est important pour eux de mettre en place un modèle plus équilibré, avec plusieurs sources de revenus. »