« Le titre olympique va attirer de nouvelles licenciées dans les clubs »
L’équipe de France vient d’être sacrée championne olympique. Un tremplin pour le sport féminin ?
Ce titre va attirer de nouvelles licenciées dans les clubs. Cette médaille d’or des handballeuses tricolores fait avancer l’image du sport féminin, et plus globalement l’image des femmes. Mais les chaînes de télévision mettent beaucoup plus en avant le sport masculin, notamment le football. Pourtant, un beau match de hand féminin n’a pas de complexe à avoir par rapport à 99% des matchs de foot masculins !
Comment expliquer cette différence d’attractivité ?
Il y a des disparités hallucinantes de droits télé, avec des dérives immorales en matière de distribution financière. C’est trop facile de laisser faire. Une action politique s’impose. Quand on donne plus de place télévisuelle à un sport, on apprend à tout le monde à l’aimer. Le sport féminin ne pourra se développer qu’en étant plus diffusé à la télévision, ce qui lui amènera plus de ressources financières.
Comment vos joueuses vivent-elles ce déséquilibre ?
Elles avancent par elles-mêmes. Les sportives de haut niveau développent leur image à travers la qualité du spectacle sportif, qui est un élément central du développement du sport féminin. De plus en plus de gens sont adeptes des matchs féminins. On y voit de belles attitudes, demandant de la force et de l’engagement. Elles offrent des performances différentes, davantage basées sur la vitesse et la fluidité, alors que les garçons jouent davantage sur leur puissance.
Quelle est la différence de traitement salarial entre joueuses et joueurs ?
En club, à valeur égale, le différentiel est de 1 pour les femmes à 3 pour les hommes. En sélection nationale, la FFH garantit une égalité de primes.
Quels types de pratiques sportives préconisez-vous à l’école ?
Je milite pour revenir aux sports de base : courir, sauter, lancer et nager. Les sports collectifs sont aussi une école de la vie, en matière de respect des valeurs et des règles, de développement de l’empathie. De nouvelles pratiques apparaissent, comme le mini handball à 4 contre 4. Ces formats sont très intéressants, notamment au collège.
Préconisez-vous une pratique mixte ou différenciée des sports collectifs ?
Elle peut être mixte chez les jeunes, mais ensuite, il faut différencier. Cela reste des sports de contact. Entre les femmes adultes qui pèsent en moyenne 60 kilos et les hommes 80 kilos, la pratique non mixte est préférable.
Paris 2024 apportera-t-il une impulsion en matière de sport-santé ?
La sédentarisation de la société est une bombe à retardement. Les enfants sont de plus en plus aspirés par les écrans, et jouent moins dans la rue, à l’extérieur. L’idée d’instaurer 30 minutes de sport à l’école par jour est intéressante, car elle peut redonner le goût de l’effort aux plus jeunes. Le nerf de la guerre reste les installations sportives, en quantité, qualité et disponibilité. La qualité des sols des gymnases doit être améliorée. Ce n’est pas un détail. Un sol adapté offre de meilleurs amortissements, et prévient les pathologies, surtout pour les sports avec beaucoup de changements de directions. Les sols actuels sont trop durs. Par ailleurs, certains clubs ne peuvent plus accueillir de licenciés, faute d’équipements. Parfois, des clubs doivent se partager les gymnases, en évoluant sur des demi-terrains. C’est aberrant. Si on dit que le sport est bon pour la santé, il faut se pencher sur ces enjeux.