Porté par Paris 2024, le sport-santé s’impose comme un enjeu de santé publique
Remettre les Français en mouvement devient une priorité en matière de santé publique. Le sport-santé est désormais sur le devant de la scène, pour conjurer de mauvaises habitudes, prises à tous les âges de la vie. La perspective de Paris 2024 pourrait agir comme un catalyseur.
Encourager la pratique d’une activité physique, le plus régulièrement possible, au plus près de nos vies quotidiennes : à l’école, en entreprise, dans l’espace public. Cet objectif de politique publique aurait semblé incongru il y a 20 ou 30 ans. Il s’invite aujourd’hui au cœur des débats, alors que les chiffres de la sédentarité et du surpoids augmentent, et que la part des personnes âgées dans la population s’accroît inexorablement. Par opposition au sport de compétition, axé sur la gagne, la performance et le dépassement de soi, le sport-santé a pour seul objectif le bien-être physique, psychologique et social de celui ou celle qui le pratique. Il est aussi un puissant vecteur de prévention d’apparition des maladies (obésité, AVC, diabète, cancers…), ou de limitation de leur progression. À ce titre, les professionnels de santé distinguent trois types de prévention : primaire (en amont de la maladie), secondaire (action à un stade précoce d’évolution de la maladie) et tertiaire (action sur les complications et les risques de récidive).
Le sport sur ordonnance pour lutter contre la sédentarité
L’enjeu est fondamental pour les collectivités et les institutions, dans une société qui voit ses enfants de moins en moins marcher, ses adolescents passer de plus en plus de temps sur les écrans, ses adultes cloués sur leur poste de travail et ses seniors trop adeptes de la chaise longue.
Des politiques publiques
se mettent en place,
en vue de Paris 2024.
La faute, probablement, à un culte excessif voué aux médicaments, qui amène à se détourner des 30 minutes d’activité physique quotidienne, prônées par l’OMS. Face à ce cocktail explosif, en termes de santé et de dépenses publiques induites, l’activité physique peut, depuis mars 2017, être délivrée sur ordonnance par les médecins. Strasbourg avait ouvert la voie dès 2012. Mais le sport sur ordonnance est une révolution culturelle en gestation. Pour passer du texte de loi à la pratique, les univers médicaux, sportifs et médico-sociaux doivent apprendre à travailler ensemble. Les Maisons sport-santé (bientôt 500 sur le territoire) arrivent à point nommé pour créer des passerelles, et permettre aux praticiens d’orienter leurs patients vers des activités physiques adaptées à leur âge, leur antériorité et leur état de santé.
L’activité physique adaptée, enjeu majeur pour les personnes âgées
Le sport-santé prévient donc les pathologies et permet aux comptes publics de réaliser des économies sur le long terme. Il a d’autres vertus, moins visibles mais essentielles. Il cultive en effet le lien social, extirpant les jeunes de leurs canapés, améliorant la productivité et le bien-être au travail des salariés, sortant les personnes âgées d’un isolement dans lequel les périodes de confinement les ont souvent plongées. La maire de Lodève (Hérault), Gaëlle Lévêque, livre ce témoignage saisissant : « Depuis les confinements, les pompiers interviennent davantage chez les personnes âgées, car elles ont perdu en capacités de mobilité, et chutent plus fréquemment. Il est de notre responsabilité d’élus locaux d’aller chercher ces personnes isolées, pour les remettre en mouvement, d’autant plus que les familles font parfois défaut. » Autres bénéfices majeurs du sport-santé : il résout souvent les problèmes de sommeil et permet de s’affranchir de la dépendance à certains médicaments. Il est aussi, à tout âge, une formidable école de la vie : faire une passe au coéquipier qui est démarqué ou lui venir en aide lorsqu’il se trouve en difficulté, apprendre à tirer son épingle du jeu dans le respect des règles…
Le sport-santé, grand gagnant de l’ère post-Covid ?
La prise de conscience politique est là. Outre le sport sur ordonnance, des écoles volontaires expérimentent 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école, distinctes de l’EPS. D’autres politiques publiques concrètes se mettent en place, dans la perspective de Paris 2024. Par ailleurs, depuis décembre 2019, l’Urssaf permet aux employeurs de financer le sport en entreprise sans charges sociales. De façon plus profonde, la crise sanitaire a fait apparaître une tendance de retour à la nature et à soi-même. « Le sport-santé peut sortir grand gagnant de la crise sanitaire », analyse Catherine Berger-Bonnefon, directrice générale adjointe d’Ad’Occ, agence de développement économique de la région Occitanie. Yannick Jauzion, ex-international de rugby et également ingénieur agronome, s’est ainsi reconverti dans la phytothérapie, avec la culture, inédite en France mais millénaire en Chine, du ginseng. La preuve par l’exemple du lien direct et éprouvé entre sport et santé.