Les Maisons sport-santé (MSS) poussent les clubs à changer de culture
Faire en sorte que les associations sportives cultivent moins l’esprit de compétition, et davantage l’activité physique pour tous. C’est l’un des défis à relever pour réussir.
« Je souhaite que les MSS, en cours de déploiement sur le territoire (lire p.18) deviennent des tremplins pour les associations sportives, qui doivent plus largement se tourner vers le sport-santé », annonce Roxana Maracineanu, ministre déléguée chargée des Sports. Christèle Gautier, cheffe du bureau de l’élaboration des politiques publiques du sport au ministère des Sports, renchérit : « L’écosystème du sport a beaucoup à apporter à la population française, à condition que tout le monde comprenne que s’inscrire dans un club n’équivaut pas à entrer dans une boucle de compétition. » L’action des MSS est très diversifiée, depuis un simple numéro de téléphone jusqu’à un accueil très pointu sur des problématiques spécifiques. Avec des financements parfois compliqués à trouver. « Suite à la labellisation, on a obtenu 4 k€ de subventions, alors que l’on misait sur 20 k€. Il faut donc connaître les autres sources de financements, comme les entreprises privées ou les mutuelles », précise Élodie Sachon, directrice du CDOS Drôme.
5 MSS à La Réunion, grâce à la volonté des élus locaux
La Réunion est particulièrement dynamique, avec la mise en place de 5 MSS, « grâce à une grande volonté des élus locaux », souligne Christèle Gautier.
Les structures sportives doivent
opérer leur révolution culturelle.
L’enjeu est de traiter de façon non médicamenteuse des patients atteints de diabète, d’obésité, de pathologies métaboliques, de maladies neurodégénératives ou de cancer – leur proportion étant plus élevée que dans les départements de l’Hexagone. À l’hôpital de Bayonne, la MSS Pays Basque Adour assure un accompagnement fonctionnel respiratoire pour la rééducation des patients atteints de Covid long. À Strasbourg, le groupement d’intérêt public MSS vient également en aide aux personnes souffrant de Covid long. Au programme, renforcement musculaire, équilibre et assouplissement, certaines séances se déroulant en piscine (aquagym). « La limite, c’est la capacité à pouvoir financer des postes d’éducateurs », indique le docteur Alexandre Feltz, adjoint à la maire de Strasbourg, en charge de la santé publique et environnementale.
Un défi à relever pour les structures fédérales
À chaque fois, l’objectif est de casser l’image du club sportif focalisé sur la compétition. « Souvent, les gens sentent un esprit corporate dans les clubs, avec des codes, des survêtements floqués… Mais beaucoup de gens attendent autre chose dans la pratique d’une activité physique. Je préfèrerais d’ailleurs que l’on parle de Maison activité physique santé », décrypte Alain Varray, professeur des universités à la faculté des Sciences du sport de Montpellier. « Les structures fédérales du sport doivent opérer leur révolution culturelle. Le pari est là. On ne parle plus de Paris 2024 en 2025. Or, le sujet de la santé de nos concitoyens ne s’arrêtera pas aux JO 2024. Ce n’est pas sur les JO que l’on pourra bâtir une adhésion durable à la pratique physique pour la santé. D’autant plus que les gens ont du mal à s’identifier à des athlètes de haut niveau qui, par définition, sont exceptionnels. » Les MSS doivent aussi cibler les jeunes, en prévention primaire, « en augmentant les temps d’activité physique à l’école », conclut Jean-François Toussaint, cardiologue et professeur de physiologie à l’Université de Paris.