L’ÉDITO DE THOMAS BONNEL
D’abord un constat, partagé largement et pourtant édifiant. Au pays de Pierre de Coubertin, alors que la France s’apprête à accueillir les JO du centenaire, la pratique régulière d’une activité physique est plus qu’insuffisante. Le cocktail explosif « sédentarité + mauvaise alimentation » frappe toutes les générations, mais singulièrement les plus jeunes. Un chiffre suffit à en témoigner : les collégiens d’aujourd’hui mettent 4 minutes en moyenne pour courir un 600 mètres, là où ceux de 1980 le couraient en 3. Sans doute pas la plus réjouissante victoire de la génération X sur la génération Y. Si l’on met ce chiffre en corrélation avec la progression de l’obésité dans la population, plus rapide chez les 18-24 ans que dans les autres tranches d’âge, et la propension des adolescents à passer un temps croissant devant un écran (4 sur 10 y consacrent plus de 3 heures quotidiennes), on mesure que c’est une véritable bombe à retardement qui se prépare sous nos yeux.
A cet égard, la crise du Covid-19 a joué un rôle de révélateur tragique : une majorité de patients en réanimation et de personnes décédées pendant la pandémie présentaient des comorbidités, notamment liées à l’obésité. CQFD ?
Et pourtant, les initiatives sont légions pour favoriser la pratique régulière d’une activité physique. Entre le « sport sur ordonnance », étendu depuis mai dernier à plus de 20 millions de français, les 200 M€ débloqués d’ici 2024 pour renforcer l’offre d’équipements sportifs, les 30 minutes d’activité sportive par jour à l’école, ou encore le Pass’Sport, l’Etat semble avoir pris la mesure du défi. Côté entreprises aussi, la clarification des règles sur les avantages en nature a levé un frein. Et au plan local, avec l’appui des associations, nombre de collectivités se mobilisent pour promouvoir le sport-santé, les déplacements à pied ou en vélo, même si le développement du télétravail est, paradoxalement, une incitation à la sédentarité.
Il ne s’agit pas de battre des records – encore que l’esprit de compétition puisse être un moteur – mais de retrouver le goût, et surtout le plaisir de l’effort. Car à la question « pourquoi ne pratiquez-vous pas de sport ? » près de 30% des personnes interrogées répondent qu’elles… n’aiment pas cela !
Pas simple dans ces conditions de remettre la France en mouvement.