« La France est sous-équipée sportivement »
En quoi les maires peuvent-ils agir pour développer le sport-santé ?
Les élus locaux peuvent favoriser le sport-plaisir ou le sport-compétition. Mais la dimension sport-santé est un volet tout aussi important. Cela passe de la crèche municipale jusqu’aux Ehpad. Par exemple, à Chambly, ville dont je suis maire, des animateurs du club de gymnastique interviennent pour développer la motricité des enfants. Dans la résidence autonomie, des encadrants du club de badminton proposent une pratique adaptée pour les seniors âgés de 80 à 90 ans. Le sport-santé, vous le voyez, c’est tout au long de la vie !
Quel conseil donneriez-vous aux maires pour le sport-santé ?
Je leur dirais de ne pas vouloir à tout prix un gymnase. L’installation de barres à l’extérieur, pour de la musculation de plein air, et d’équipements de motricité pour les seniors, l’aménagement de city stades (basket à 3 contre 3 ou hand à 4 contre 4, petits dojos…), la création de parcours santé, sont souvent amplement suffisants.
De la crèche à l’Ehpad,
le sport-santé,
c’est tout au long de la vie !
On n’est pas sur des coûts délirants, et il y a une vraie demande de la population. Personne n’interroge le fait qu’il faille des aires de jeux pour les enfants. Il faut que les équipements de sport-santé en libre accès, dans l’espace public, semblent tout aussi évidents, comme c’est le cas en Europe du Nord.
Quels autres axes préconisez-vous ?
Les Maisons sport-santé, en cours de déploiement sur le territoire, sont un bon outil. Le sport sur ordonnance, désormais reconnu par la loi, doit vivre sur le terrain. Les ARS, la CPAM et la Sécurité sociale doivent être plus dynamiques pour ce faire. Par exemple, le club de badminton de Chambly travaille avec de jeunes diabétiques de type 1, à travers une convention passée avec l’hôpital. Parallèlement à leur traitement, la pratique sportive est essentielle pour rallonger leur espérance de vie. La prévention ou la maîtrise des maladies par la pratique est un axe puissant, qui doit être renforcé par le dispositif de sport sur ordonnance.
La France est-elle suffisamment dotée en équipements sportifs ?
Non, le pays est sous-équipé ! Il n’y a pas assez de piscines par exemple, et le parc actuel est en grande partie obsolète et énergivore. On manque de halles sportives. Les mêmes gymnases sont partagés par des scolaires et des clubs. De fait, beaucoup de pratiques s’insèrent dans ces créneaux réduits. Une pratique sportive demande de s’habiller et de s’échauffer. Quand des scolaires ont des créneaux de 55 mn, le temps sportif est en réalité très faible, et on s’y est malheureusement habitués. Les zones de revitalisation rurale et les quartiers « politique de la ville » sont particulièrement carencés, alors que la demande est forte.
Le bloc communal est-il un contributeur important pour les équipements sportifs ?
Oui : 86% des équipements sportifs sont la propriété du bloc communal, ou portés par lui. Les communes doivent être soutenues par les départements, les régions, et l’État, dont le rôle est essentiel, car il est prescripteur de schémas. Les autres contributions génèrent des effets de levier. Les moyens financiers de l’État commencent à arriver, à travers le plan de relance, et les dernières annonces d’Emmanuel Macron, le 14 octobre (200 M€ pour 5 000 équipements).