« Il faut que les clubs associatifs sportifs puissent entrer dans les écoles »
Vous êtes très critique sur la pratique du sport à l’école. Pourquoi ?
Les professeurs des écoles ne sont pas des professeurs d’EPS : je ne vais donc pas leur jeter la pierre. Je constate simplement que les enfants sont plus actifs par eux-mêmes pendant les récréations que lorsqu’on leur propose une activité physique, pour laquelle on met trois plots dans la cour pour faire bonne figure… Il faudrait que les clubs associatifs puissent entrer dans les écoles, pour que les enfants goûtent à des disciplines sportives. Ce qui relève du bon sens est en fait très compliqué, car l’Éducation nationale est un mastodonte fermé. Face à ces blocages, il faut former les professeurs, et les sensibiliser au fait que bouger, c’est aussi important que de nourrir son esprit.
Le sport est tout de même une discipline à part entière au collège…
À 11 ans, au collège, des enfants sont déjà en surpoids ou obèses. C’est déjà trop tard. Il faut commencer le sport avant ! J’en fais un combat républicain.
L’activité physique doit être
un critère dans les projets d’aménagement.
C’est le rôle de l’école de prévenir l’obésité chez les enfants. Et, au collège, les professeurs d’EPS sont dénués de budgets. Ils sont obligés d’organiser des ventes de calendriers et de madeleines pour acheter du matériel. On en est là. L’EPS est clairement relégué à une activité secondaire, alors que l’enjeu du sport est central, vu le taux de surcharge pondérale et d’obésité chez les jeunes.
Vous êtes adjointe aux sports à Aime-la-Plagne (Savoie). Quel est votre message aux gouvernants ?
Au-delà des aspects liés à la santé, j’insiste sur les bienfaits de la pratique des sports collectifs à l’école. On y intègre le respect des règles et du vivre-ensemble, la confrontation à l’autre. On apprend à se mesurer à une sanction, à ne pas reproduire des erreurs, à tirer son épingle du jeu dans un cadre précis. Sur un terrain, dans un gymnase, les enfants n’ont pas à entrer dans les codes de la plastique, nouvelle dictature des réseaux sociaux. Ils se valorisent autrement. C’est positif pour l’individu, mais aussi pour la société. Je ne comprends pas que les hautes sphères, qui gouvernent le pays, ne considèrent pas le sport comme un fondement de la République.
Et votre message aux élus locaux ?
Comme le développement durable l’est devenu, l’activité physique doit faire partie des critères des projets d’aménagement urbain. Il faut prendre en compte la mobilité active comme vecteur de santé. L’activité physique concerne tous les domaines. Je m’en rends compte à travers mon mandat d’adjointe, car je participe à toutes les réunions. Il y a même des liens avec la culture. Pour valoriser les monuments historiques, nous développons par exemple une application, qui explique le patrimoine, mais incite aussi à faire marcher les gens dans la ville.
L’organisation des JO Paris 2024 peut-elle donner une impulsion nouvelle au sport-santé ?
J’ai vécu les Jeux d’Albertville en 1992. J’avais 9 ans, c’était un souvenir inoubliable. J’ai ensuite pu voir l’impact positif sur la région, et sur ce que brassent les stations françaises en termes économiques. Je pense que les JO Paris 2024 auront des répercussions sur l’emploi, et seront aussi une opportunité pour le développement du sport-santé en France. Emmanuel Macron a annoncé le 14 octobre que 200 M€ seront investis d’ici à 2024 pour aider au développement de la pratique sportive, à travers la création de 5 000 équipements partout en France. Les collectivités peuvent donc aller chercher des subventions ! Le prisme choisi par Paris 2024, l’Héritage, démontre la préoccupation de viser le temps long. Nous sommes la France, les JO Paris 2024 devront être exemplaires !