Des collectivités sont déjà mobilisées sur le sport-santé
Comment mettre en place des actions de sport-santé pour ses administrés ? Tour d’horizon de quelques initiatives lancées. Biarritz et Strasbourg sont cités en exemple à l’échelle nationale. Quant à la Ville de Paris, elle entend jouer son rôle dans la perspective des JO 2024.
Strasbourg, précurseur du sport sur ordonnance
Animateur, depuis 2015, du réseau français des Villes-Santé de l’OMS, première ville française à rejoindre, en 2020, le réseau mondial de prévention contre le diabète Cities Changing Diabetes, et première ville en France à avoir développé le sport-santé sur ordonnance, dès 2012, Strasbourg fait figure de modèle en matière de promotion de l’activité physique à des fins de santé. « Les premières Assises du réseau Villes-Santé ont fait pression sur le gouvernement et ont permis d’aboutir sur la loi de 2016, introduisant la possibilité, pour le médecin traitant, de prescrire une activité physique aux personnes souffrant d’une affection de longue durée », rembobine Alexandre Feltz, adjoint à la maire de Strasbourg en charge de la santé publique et environnementale, et médecin de profession. Le thème des 4e Assises du réseau français des Villes-Santé, « Épidémie de Covid, et après ? », interroge les conséquences de la pandémie. « Les confinements ont accru la sédentarité, et le télétravail est néfaste pour l’activité physique », alerte l’élu. La Maison sport-santé de Strasbourg, dotée d’un budget annuel de 1,6 million d’euros (financeurs : Ville de Strasbourg, collectivité européenne d’Alsace, régime local d’Assurance-maladie, ministère de la Jeunesse et des Sports), compte 16 partenaires, « ce qui permet une prise en charge coordonnée ». Les administrés bénéficient d’une première année gratuite, puis contribuent en fonction de leurs revenus.
À Biarritz, le sport-santé veut cibler toutes les populations
La Ville de Biarritz a lancé dès 2013 des « Chemins de la forme », jalonnés de panneaux. Sur ces panneaux, un flashcode permet de télécharger une vidéo décrivant des exercices à faire, expliquant l’intérêt de chacun et distillant des conseils.
Le dispositif Peps,
pour connecter les médecins
aux professionnels.
La nouvelle municipalité coconstruit la politique de sport-santé avec l’ARS, les CCAS et la Direction départementale de la jeunesse et des sports, « pour pouvoir atteindre tous les résidents, depuis l’école primaire jusqu’à la personne en limitation fonctionnelle. Parfois, des personnes âgées se retrouvent isolées. Les remettre sur la voie de l’activité physique passe d’abord par une réactivation des liens sociaux. Le sport-santé, ce n’est pas que de la prévention des problèmes cardiovasculaires en allant courir. Cela touche aussi la sphère médico-sociale », observe Adrien Boudousse, premier adjoint au maire en charge du sport-santé, aux côtés de Paul Rodriguez. L’une de ses méthodes : inclure des actions de sport-santé dans toutes les actions. « Par exemple, lors de la Semaine bleue pour les seniors, nous avons proposé des sessions de marche nordique, ou des séances de cinéma à visionner debout. » Pour connecter les médecins aux professionnels de l’activité physique formés, la ville utilise le nouveau dispositif Peps (prescription d’exercice physique pour la santé). La collectivité s’adosse par ailleurs à une structure associative, Mona Lisa, qui propose ateliers sportifs et déjeuners.
À Paris, des terrains de foot sous le périphérique
La promotion du sport-santé passe aussi par des aménagements urbains très simples. « Il ne faut pas grand-chose aux gens : des mini-terrains de basket à 3 contre 3, deux cages de football, une ou deux tables de ping-pong », relève Joana Ungureanu, consultante sport-santé. Elle cite en exemple la démarche de la Ville de Paris avec un élargissement de l’offre : facilités financières dans les quartiers populaires, programme d’activités adaptées pour les étudiants, 40 équipements sportifs ouverts le midi pour les salariés, 10 000 places pour les 55 ans et plus d’ici à 2024 pour les cours de sport, cours collectifs gratuits tous les week-ends dans les parcs et sur les places, instauration de jeux sportifs adaptés pour les enfants en surpoids dans le cadre des centres de loisirs et des mercredis du sport… Le sport-santé peut s’inviter avec malice dans les moindres recoins de la capitale, où le foncier est rare. La Ville de Paris s’est ainsi associée au groupe Le Five pour créer des terrains de foot à 5 en plein air, dont le premier se trouve sous la porte Pouchet, dans le 17e arrondissement.