Les grandes villes, plus exposées aux risques
Parce qu’elles concentrent les populations, les activités et les réseaux, les grandes agglomérations multiplient les fragilités. Mais elles s’organisent.
Densification démographique, centralisation d’activités du secteur tertiaire supérieur (entités politico-administratives, structures économiques, établissements scientifiques et culturels), présence de fonctions logistiques stratégiques (10 millions de tonnes de matières dangereuses sillonnent annuellement les réseaux routiers et ferroviaires de l’agglomération parisienne) : toutes les grandes métropoles sont structurellement et fonctionnellement vulnérables aux aléas exceptionnels. Une surexposition d’autant plus avérée qu’elles se trouvent implantées dans des zones à hauts risques sismiques ou hydriques.
Toutes les grandes villes ne sont pas égales face aux catastrophes
De tous les aléas majeurs menaçant les grandes métropoles, le séisme est le plus redoutable, par le nombre de victimes recensées à l’échelle mondiale (en moyenne 130 000 par an). La probabilité de survenance de catastrophes sismiques concerne particulièrement des zones urbaines intensément peuplées comme Mexico, Jakarta, Manille, Istanbul, Téhéran, ainsi que la région de San Francisco et celle de la Silicon Valley.
Les grandes métropoles
sont particulièrement exposées
aux effets de chaîne.
Dans toutes ces métropoles, la sinistralité des séismes renvoie à la fois à des facteurs immobiliers (nature des constructions) et aux systèmes de prévention à l’œuvre. Ainsi, en 2010, le séisme qui a touché HaÏti s’est soldé par plus 280 000 morts, 300 000 blessés et 1,3 million de sans-abris, alors que celui qui a frappé Santiago du Chili, d’une magnitude pourtant supérieure, n’a causé “que” 525 décès. La fragilité des grandes métropoles face aux risques tient également à la résonnance particulière des mécanismes de chaîne. Ainsi, outre leurs effets destructeurs directs, les séismes peuvent déclencher d’importants incendies comme celui qui ravagea Tokyo en 1923 après la rupture des réseaux énergétiques, ou des tsunamis, à l’image de celui qui submergea le littoral sud-asiatique en 2004. Le drame de Fukushima en 2011 a montré à quel point la mauvaise appréciation d’un risque naturel peut être à la source même du déclenchement d’une catastrophe technologique ravageant un vaste territoire urbanisé.
Résistance et résilience
Pour autant, les grandes cités se caractérisent également par des marqueurs de résilience : grande diversité des fonctionnalités urbaines, important degré d’autonomie locale, niveau élevé d’éducation et d’information de la population. Et, bien sûr, concentration d’importants pouvoirs et ressources décisionnaires. C’est pourquoi, en réponse notamment aux pronostics alarmants des climatologues, les grandes villes s’organisent. Elles se relient entre elles, échangent des retours d’expériences, se coalisent en réseaux. A l’image du Cities Climate Leadership Group, dit C40, créé il y a quinze ans par Ken Livingstone, alors maire de Londres, pour fédérer les initiatives des grandes métropoles et lutter contre le réchauffement climatique. Présidé depuis 2016 par la maire de Paris Anne Hidalgo, le C40, dont le siège est à Londres, rassemble 91 métropoles. Dans une étude récente sur l’interdépendance des infrastructures face aux risques climatiques, le réseau C40 se penche sur les effets en “cascade” des événements climatiques extrêmes dans des contextes urbains.