Des effets planétaires à géométrie variable
Les phénomènes liés au réchauffement augmentent plus vite que les catastrophes naturelles. S’ils sont moins mortels, leurs dommages sociaux s’accentuent.
Signe parmi les signes de la fragilité de notre planète : le phénomène de l’amplification des risques climatiques est mondial. Un rapport du Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNSDIR) recense 6 304 catastrophes climatiques entre 2000 et 2019, soit près de deux fois plus que sur les deux décennies précédentes. Tempêtes, incendies, températures extrêmes : les phénomènes climatiques imputables au réchauffement de la planète connaissent depuis vingt ans une augmentation plus importante que les événements naturels comme les tremblements de terre, les éruptions volcaniques ou les glissements de terrain. Plus nombreux, les événements climatiques sont aussi plus intenses. S’ils sont moins mortels, ils font davantage de blessés et laissent plus de personnes sans domicile et sans ressources.
Dommages records pour les tempêtes, cyclones, ouragans
Si le dérèglement climatique n’a pas de frontière, ses effets se manifestent avec une surenchère régulière dans une poignée de pays. Selon la 16ème édition de l’Indice mondial des risques climatiques (ICR) de l’ONG Germanwatch, outil reconnu d’évaluation du niveau d’exposition et de vulnérabilité aux phénomènes extrêmes, trois pays sont ainsi plus impactés que tous les autres sur la période 2000-2019 : Porto Rico, le Myanmar et Haïti.
Les catastrophes climatiques
ont coûté 2 000 milliards de dollars
depuis 20 ans.
Le premier a particulièrement souffert au niveau matériel, avec des dégâts moyens estimés à 4 milliards de dollars constants chaque année, soit 3,66% du PIB du pays. Le Myanmar a payé le plus lourd tribut humain sur cette longue période, avec plus de 140 000 décès, essentiellement concentrés sur l’année 2008, où le cyclone Nargis a littéralement dévasté le pays, ainsi d’ailleurs qu’Haïti. Un quatrième pays suit de près ce sombre trio de tête, les Philippines, qui ont subi le plus grand nombre d’événements (317 au total) en vingt ans. De toutes les causes de pertes et de dommages, les tempêtes sont les plus redoutables, cumulant des effets rebond directs immédiats : précipitations, inondations, glissements de terrain. Sur les dix pays les plus impactés en 2019, six ont été frappés par les cyclones et ouragans. À lui seul, le cyclone Idai a touché trois millions de personnes, fait plus de 1 000 morts et causé 2,2 milliards de dollars de dommages.
Double peine pour les pays en développement
Comment expliquer les énormes variations des effets du réchauffement des températures entre les régions et les pays ? Géographiquement plus souvent exposés aux phénomènes extrêmes, pauvres en ressources logistiques et ne disposant pas des véhicules financiers adaptés pour prévenir efficacement le risque et y réagir, les pays en développement sont particulièrement affectés. Selon Germanwatch, le trio de tête des pays les plus touchés par les catastrophes climatiques en 2019 se compose du Mozambique, du Zimbabwe et des Bahamas. A lui seul, le cyclone Idai a fait 700 morts au Mozambique et généré près de 5 milliards de dollars constants de dégâts (soit plus de 12% du PIB du pays). Les Bahamas, elles, ont été ravagées par plusieurs tempêtes, dont les dégâts se sont élevés à plus de 30% du PIB du pays. Car l’impact économique de ces événements s’avère lui aussi de plus en plus lourd. L’ONU évalue le coût des catastrophes climatiques dans le monde pour la période 2000-2019 à 2 000 milliards de dollars, soit à peu près l’équivalent du montant affecté par l’Europe à la reconstruction post-Covid du continent pour la période 2021-2027.