Les services publics à l’épreuve
De l’hôpital à l’école, en passant par une multiplicité de métiers de proximité, la pandémie a montré la capacité des services publics de s’organiser tant bien que mal en cas de crise majeure.
Adaptabilité, égalité, neutralité, continuité : les quatre grands principes qui caractérisent le fonctionnement des services publics résonnent comme une double promesse de résistance et de résilience face aux crises majeures qui peuvent ébranler la nation ou ses territoires. L’épreuve de la pandémie a montré la capacité des services publics à honorer leurs missions les plus vitales, même en mode dégradé. L’hôpital et les services de santé ont bien sûr été placés sous tous les regards, mais la crise sanitaire a également révélé au grand jour le travail de différentes familles d’agents de proximité, fonctionnaires ou non, indispensables au fonctionnement de la société : police, gendarmerie, éducation nationale, transports, voirie, services funéraires…
Plans de continuité d’activité
Dans les administrations centrales, dans les services déconcentrés de l’État, dans les collectivités, des plans de continuité d’activité (PCA) ont été mis en œuvre. Il a fallu faire des choix, s’organiser. Certaines communes ont réorganisé la collecte et le traitement des déchets en priorisant les déchets essentiels (ordures ménagères et sacs jaunes), en suspendant la collecte des déchets verts, en fermant les déchetteries ou encore en suspendant le ramassage des encombrants. Dans la police et la gendarmerie, le recours au télétravail a été limité aux personnels assurant des missions de soutien. Quant aux services publics de la Justice, chaque juridiction a déterminé dans son PCA la liste des contentieux « essentiels » dont le traitement devait être poursuivi pendant la crise sanitaire, sur la base d’un périmètre indicatif proposé par la Chancellerie.
Dans la police et la gendarmerie, le recours au télétravail a été très limité.
D’une administration à l’autre, d’un service public à l’autre, la qualité de la réponse n’a pas été uniforme. Un rapport sénatorial a pointé l’incapacité de certains services publics à maintenir un niveau d’activité suffisant durant la pandémie. Faute de matériel de protection et face à un taux d’absentéisme qui a pu atteindre 30% dans certaines régions, La Poste a fait le choix, dans les premiers temps du confinement, de fermer les bureaux dont la superficie ne permettait pas d’assurer le respect des gestes barrières. Ainsi, au niveau national, 1 600 bureaux seulement sont restés ouverts – avec un accueil au public restreint – sur 6 500.
Quid des maisons France Service ?
La variabilité dans la continuité de service ne peut qu’interroger les pouvoirs publics sur la définition d’une réponse universelle adaptée. Les maisons France Service, par exemple, qui regroupent en un guichet unique plusieurs organismes tels que La Poste, la Caisse d’allocations familiales et les ministères de l’Intérieur, de la Justice et des Finances publiques, n’auraient-elles pas pu jouer un rôle de premier plan dans la garantie de la continuité des services publics durant la pandémie ? Les activités de services publics ont été les premières concernées par la numérisation à marche forcée. Si nul ne doute que le développement du digital constitue à bien des endroits une source de progrès dans l’accès aux services publics, notamment en période de crise (pour peu qu’il n’affecte pas les infrastructures télécom), les enjeux juridiques et sociaux de la numérisation de certains services publics sont aujourd’hui bien renseignés. La continuité des services publics ne peut en aucun cas reposer exclusivement sur des services distantiels.