Le risque, grand absent des bancs de l’école
Si elle commence à gagner certains parcours supérieurs, la formation aux risques et à leurs enjeux reste le parent pauvre de la gestion de crise.
Si le facteur comportemental est très souvent au cœur des campagnes de de promotion de la santé, la responsabilité individuelle est encore trop souvent absente des messages de prévention des risques climatiques et naturels. Dans les sociétés contemporaines, chacun est pourtant tenu d’avoir conscience des risques encourus. Mais la conformité à cette norme constitutive de la culture du risque demeure très aléatoire. En France, la formation des individus et des petites entreprises aux « bons comportements » en cas de danger reste le parent pauvre de la gestion de crise.
Flop des campagnes de distribution d’iode
De surcroît, l’injonction aux actions de prévention passe mal. La réticence d’une partie significative de la population au passe sanitaire n’a rien d’inédit dans notre histoire récente. Lors de l’épidémie de grippe H1N1 en 2009, le ministère de la Santé avait commandé 94 millions de doses de vaccin. Selon l’Inserm, seulement 8% de la population française s’était fait vacciner (vs 24% aux États-Unis et 74% au Canada).
Pas d’exercices de simulation
de crise à l’échelle de la société.
On peut également citer le flop des campagnes de distribution de comprimés d’iode organisées par les pouvoirs publics depuis 1997 auprès des personnes résidant ou travaillant à proximité des centrales nucléaires. En février 2021, le ministère de l’Intérieur a dû se résoudre à adresser par voie postale les comprimés à 600 000 foyers qui ne les avaient pas retirés en pharmacie. Comment renforcer l’éducation au risque ? Par l’école. Aujourd’hui, l’enseignement du risque se cantonne aux études actuarielles, à quelques spécialités au sein de programmes du supérieur (voir encadré) et aux récentes formations dédiées à la sécurité informatique. Dans le primaire, au collège, au lycée, le risque, sa connaissance, sa compréhension, sa prévention, ne font pas l’objet de cours spécifiques. Les plans particuliers de mise en sûreté (PPMS) face aux risques majeurs, que les établissements scolaires sont tenus de mettre en œuvre pour préparer élèves et personnels à la survenance d’événements naturels, industriels ou terroristes, s’inscrivent dans une stricte conformité au règlement. Pas d’apprentissage du risque à l’école, pas d’exercices de simulation de crise à l’échelle de la société… Des carences d’autant plus dommageables que la sensibilisation au risque relève d’un processus d’acculturation à la fois collectif et sur le long terme.
Le risque, ça s’apprend
La prévention des risques irrigue de plus en plus de programmes de l’enseignement supérieur. A l’image des Masters Risques et environnement de l’université Gustave Eiffel ou de l’École nationale supérieure des officiers de sapeur, du Master gouvernance des risques environnementaux de l’université Louis Lumière Lyon II, de la licence professionnelle Métiers des risques et impacts environnementaux de l’université de Nîmes. A noter aussi, le diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) en architecture, mention architecture et risques majeurs, une formation unique en France, délivrée par l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville. Le risque informatique connaît un rapide écho dans les campus. Selon l’OPIIEC (Observatoire paritaire des métiers de l’informatique, de l’ingénierie, des études et du conseil), il existait en 2017 quelque 150 formations en cybersécurité dans les établissements d’enseignement supérieur.