Les limites de la e-démocratie
Être en contact direct avec ses administrés est un formidable moyen de prendre le pouls de sa commune ou de sa collectivité territoriale, établir un dialogue permanent et remonter les infos. Cela peut aussi virer très vite au harcèlement. De nombreux élus en ont fait les frais, interpellés par des abonnés à leurs réseaux sociaux. Depuis la crise des gilets jaunes, les propos se sont faits plus injurieux, les demandes plus pressantes, les menaces plus directes. Ainsi, des élus qui n’ont jamais caché leur homosexualité, par exemple, se retrouvent insultés publiquement comme David Valence, le maire de Saint-Dié des Vosges. D’autres, comme Nadège Azzaz à Châtillon, visés à travers leur famille, en l’espèce son époux traité de terroriste. Sans compter l’antisémitisme qui caracole en tête des insultes. La liste des infamies sur les réseaux est hélas très longue. Selon l’association Respect Zone, qui lutte contre le harcèlement numérique, les commentaires violents ont augmenté de 66% ces derniers mois et représentent près de 10% des messages. L’anonymat de ceux qui agressent et, jusqu’ici, l’absence réelle de sanctions favorisant la croissance de ces chiffres. En avril 2019, Nicolas Soret, le président de la communauté de commune du Jovinien (Yonne), publiait un article dans la revue Maires de France résumant ainsi la nouvelle donne : « Il y a 20 ans, quand un administré voulait se plaindre, il écrivait un courrier, payait une enveloppe, un timbre. Aujourd’hui, du fin fond de son canapé, il dégaine… ».