Suède • #Jagarhär (#Jesuislà), l’autorégulation à la suédoise
En Suède, un mouvement citoyen surveille tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux, apporte de la nuance et n’hésite pas à faire le gendarme si besoin. Cette initiative a fait des émules partout dans le monde.
En 2016, fatiguée de lire des commentaires haineux sur la jeune activiste écolo Greta Thunberg, une journaliste d’origine iranienne basée à Stockholm, Mina Dennert, décide de lancer le hashtag #Jagarhär, #Jesuislà, pour montrer à ceux qui publient de tels propos qu’ils sont désormais sous surveillance. Le principe est simple, il s’agit de contrer les contenus extrémistes, racistes, conspirationnistes… en rappelant que c’est interdit par la loi, mais aussi en apportant la contradiction, la raison et la nuance. Par exemple, quand un membre de #Jagarhär constate une dérive sur un site, un contenu fallacieux, un appel à l’homophobie et au racisme – qui sont les cas les plus fréquents – il en appelle à toute la communauté pour coordonner une contre-attaque, noyer de commentaires bienveillants et apaisants ce contenu afin « d’en diluer la teneur ». De même, ces citoyens, très bien formés au fonctionnement des réseaux sociaux, publient des arguments pour contrecarrer les fake news, noyautent les débats conspirationnistes, avancent des preuves, des expertises scientifiques, des vérités établies. Toujours avec bienveillance, assurés que l’explication et la raison peuvent apaiser les esprits, voire changer les mentalités. Et quand ils constatent des dérives pouvant mettre en danger certaines cibles des auteurs de propos haineux, ils font des signalements aux autorités.
Aujourd’hui, 150 000 citoyens dans le monde ont adhéré à ce mouvement que l’on retrouve dans la plupart des grandes démocraties européennes, mais aussi aux Etats-Unis, au Canada ou en Australie.