Le poison du cyberharcèlement
La puissance des réseaux sociaux, leur impact et leur technologie autorisent malheureusement le développement du cyberharcèlement, version « postmoderne » du harcèlement, qui a toujours existé, mais avec des caractéristiques propres à sa version « online ». Selon le psychologue et chercheur américain John Suler, les réseaux sociaux permettent notamment à l’harceleur une totale désinhibition dans un monde virtuel – qui traite pourtant du réel – où tout est permis et l’anonymat garanti.
Le cyberharcèlement revêt plusieurs formes. Le doxing par exemple, qui consiste à dévoiler publiquement des éléments privés (un nom, une adresse, des coordonnées, une confession religieuse…). Un véritable lynchage viral, ce qu’a subi Samuel Paty, ce professeur décapité en pleine rue après avoir évoqué des caricatures en cours. Son identité avait été révélée par un parent d’élève sur Facebook. Le flaming, autrement dit « lance-flammes », utilisé pour insulter très violemment et vulgairement quelqu’un, notamment sur les messageries instantanées. L’outing, très répandu pour divulguer une information intime (sexualité le plus souvent). L’impersonation, l’usurpation d’identité pour « se faire passer » pour quelqu’un et propager des rumeurs…
L’imagination des cyberharceleurs est sans limite. Elle est un poison terrible qui se répand très vite et qu’il était particulièrement difficile de combattre avant la loi du 25 août dernier sur le respect des principes républicains.