La face sombre des réseaux sociaux
Les réseaux sociaux sont aussi des espaces où les « trolls », ces personnalités parasites d’internet, déversent la haine en ligne, la violence, la manipulation et les fake news.
La manipulation des esprits
Déceler le vrai du faux sur internet et les réseaux sociaux est désormais une tâche extrêmement compliquée. En 2020, au Forum de Davos, Hao Li, un informaticien spécialisé dans la vidéo et l’intelligence artificielle (IA), avait alerté sur les dangers des DeepFake (images truquées) en montrant comment il était facile de faire dire n’importe quoi à n’importe qui.
La manipulation
peut avoir les conséquences
d’un tsunami viral.
Cette instrumentalisation s’est développée sur les réseaux sociaux sans que l’on puisse réellement la freiner. Ce qui faisait sourire dans le film Forrest Gump où le héros s’invitait dans l’image lors des grands évènements mondiaux fait désormais frémir. Car l’on voit tout, et souvent le pire, qu’il s’agisse de vidéos truquées comme celle du leader nord-coréen déclarant la guerre aux USA ou celle, pornographique, de la princesse Kate Middleton. Des images créées de toutes pièces par des trolls peu regardants qui agissent pour le compte de puissances publiques conquérantes ou de concurrents économiques. Parfois aussi par de simples citoyens qui savent manipuler les images et « s’amusent » de les propager sur les réseaux sociaux. Certaines entreprises, souvent basées en Asie ou en Russie, sont d’ailleurs spécialisées dans la fabrication de fausses informations. En 2015, une journaliste russe avait expliqué comment elle avait infiltré une « ferme à trolls », l’une de ces usines qui publient des fakes news sur les réseaux sociaux. En l’occurrence il s’agissait de la firme « Internet Research Agency » basée à Saint Pétersbourg, qui employait jour et nuit des centaines d’étudiants payés 400 euros/mois pour inventer de faux contenus déformant la réalité, lesquels étaient ensuite publiés sur les plateformes des abonnés américains afin de décrédibiliser la candidature d’Hillary Clinton en pleine campagne. Car la manipulation peut avoir les conséquences d’un tsunami viral, tant la puissance est multipliée sur les réseaux et permet d’atteindre individuellement des millions d’utilisateurs.
La prise de conscience date vraisemblablement du scandale Cambridge Analytica, du nom de cette société britannique de marketing politique liée à la campagne de Donald Trump. Les dirigeants de Cambridge Analytica avaient obtenu de Facebook la possibilité d’étudier les profils des abonnés dans le cadre officiel d’une étude de personnalités. Jusque-là, rien d’illégal. Mais les informations personnelles des 87 millions de personnes étudiées avaient finalement été « siphonnées » pour alimenter les bases de données de la campagne des Républicains. Quand l’affaire est révélée par un lanceur d’alerte, le scandale éclabousse jusqu’à Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, convoqué par le Congrès américain qui ouvre une enquête. Devant les Sénateurs, il reconnaîtra que la lutte contre la manipulation des esprits et l’infiltration de son réseau social était très difficile et que « l’un de ses plus grands regrets était d’avoir été trop lent pour identifier les ingérences étrangères ».