La surchauffe climatique impose de nouvelles innovations
« En 2050, un été sur deux sera comparable à la canicule de 2003. Notre climat sera entre celui de Barcelone et de Marrakech. » Pour Thierry Braine-Bonnaire, directeur de l’institut Carnot, Clim’Adapt du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), le temps est venu d’ intégrer la problématique climatique dans les constructions et les rénovations. Le laboratoire Clim’Adapt est spécialisé dans la recherche sur les problématiques liées aux climats et sur le développement des innovations dans le secteur du bâtiment. « La prise en compte des aléas climatiques dans les logements, et de manière plus générale, les bâtiments, concerne la construction mais surtout les logements construits car seulement 1% des logements est renouvelé chaque année, l’impact est donc bien plus fort pour la réhabilitation qui doit être la priorité », rajoute Laurent Arnaud, chef du département Bâtiments durables du Cerema.
De nouvelles habitudes indispensables
A la question comment allons-nous faire pour que les logements soient vivables en 2050, les spécialistes répondent d’abord et avant tout en encourageant les habitants à changer leurs comportements. « Nous savons que les usages peuvent permettre à eux seuls de réduire de 5 à 20% la consommation d’énergies », illustre Laurent Arnaud.
Le bâtiment qu’on aura dans trente ans
doit être regardé à la lumière
de ceux construits aujourd’hui.
Vivre avec une surchauffe estivale impose des nouvelles habitudes comme la ventilation ou la fermeture par l’extérieur des fenêtres, une isolation des logements. Le rafraîchissement passe aussi par les aménagements paysagers extérieurs, la bonne exposition des logements neufs, la végétalisation des façades ou la double peau qui sert de tampon thermique. Et si la problématique du confort d’été sera le vrai sujet pour les constructeurs, avec la réglementation RE 2020 qui marque une évolution importante par sa dimension environnementale, il va falloir éviter un recours augmenté à la climatisation.
Construire autrement
Selon le directeur de l’institut Carnot, Clim’Adapt, « la nécessaire obligation de réduire l’impact des bâtiments sur l’environnement impose de travailler sur une durée de vie des logements augmentée. Il faut bien veiller à construire des logements qui tiendront ». Selon l’étude « Imaginons ensemble les bâtiments de demain », issue de travaux animé par le CSTB et l’Ademe, « le changement climatique peut conduire à des problèmes de stabilité des ouvrages (retrait gonflement des argiles), de submersion marine sur certains littoraux, d’inondations, de risque d’inconfort majeur en période caniculaire… ». Les retraits et gonflements des terrains argileux provoquent surtout, dans les maisons individuelles, des fissures importantes et se révèlent pour les assureurs un poste de dépenses important. « On découvre en France ce phénomène, car les variations climatiques sont devenues plus importantes », précise Thierry Braine-Bonnaire. Clim’Adapt a réalisé une recherche visant à stabiliser les mouvements de l’argile par injection d’eau. Une première expérimentation a eu lieu et deux autres sont en cours. « Notre objectif est de passer du laboratoire à la démonstration pour un transfert de connaissances aux industriels. »