Logement connecté, c’est l’heure de la sobriété
Pour un usage réservé aux habitants ou pour la gestion globale du bâti, les équipements connectés ont trouvé leur place à l’heure où les économies d’énergie sont la priorité de tous. Reste à s’interroger sur la meilleure utilisation de ces nouveaux outils.
Depuis quelques années, il est possible d’acquérir un frigidaire connecté avec un écran tactile, une connexion wifi, des caméras pour savoir ce qu’il y a à l’intérieur, un calendrier pour la gestion des aliments, mais aussi de la musique ou des vidéos…Une innovation qui n’est pas accessible à toutes les bourses. Aujourd’hui, un tiers des ménages déclare avoir au moins un équipement connecté, le plus souvent une alarme ou un détecteur de fumée. Et si, comme le rappelle Qualitel, 98% des français ont entendu parler de logement connecté, la plupart d’entre eux restent sceptiques sur l’utilité de certains des services proposés.
La complexité de la gestion des bâtiments
Pour la gestion de l’énergie, la domotique s’impose aux habitants avec, dans leur logement, des installations d’équipements de relevés, d’évaluation de consommations, de croisement et d’analyse avec d’autres données. Mais comme l’a illustré la généralisation des compteurs Linky, elle n’est pas toujours bienvenue. La montée en puissance des logements à basse consommation et le développement des bâtis producteurs d’énergie ne peut qu’amplifier cette tendance. Lorsque les constructeurs prévoient un échange de production d’énergies entre îlots de bâtiments, l’innovation impose des outils technologiques adaptés. Autre axe de croissance, la maintenance par les opérateurs du logement. « La monopropriété permet de déployer des solutions sur l’ensemble des bâtiments. Si le pilotage des chaudières sur l’ensemble d’un parc rénové trouve toute sa pertinence, il faut systématiquement s’interroger sur la technologie adéquate. Au-delà de la collecte des données, les outils doivent tendre vers l’intelligence. L’utilisation de la donnée doit permettre de réduire la consommation d’énergie », illustre Nicolas Prudhomme, directeur de la maîtrise d’ouvrage et des politiques patrimoniales de l’USH.
Pour quelle utilité ?
Avant même qu’un voleur ne s’introduise dans le logement, ce dernier se met en action : avec les détecteurs de mouvement extérieurs, la mise en mouvement des volets roulants et l’éclairage des lumières, le système d’alarme connecté sur le smartphone dissuade le visiteur de poursuivre son chemin. Nombreux sont les opérateurs spécialisés en équipements connectés : thermostats, serrures, alarmes, détecteurs de fumée, détecteurs de fuite d’eau, capteurs de qualité de l’air, caméras de surveillance, prises connectées, compteurs connectés, volets roulants, boîtes aux lettres, éclairage… Reste à savoir si ces évolutions sont essentielles pour les habitants. « Avoir des capteurs qui vous préviennent qu’une fenêtre est ouverte alors qu’il suffit de se retourner pour s’en apercevoir, c’est en effet inutile », estime Nicolas Prudhomme. Pour les HLM, l’innovation technologique impose en parallèle un accompagnement pédagogique. « Les habitants sont plus précaires, moins réceptifs aux technologies et cet échange doit aussi permettre d’adapter les usages proposés au public », précise le directeur de la maîtrise d’ouvrage et des politiques patrimoniales de l’USH.
Empreinte carbone
« Avec la RE 2020, après l’euphorie, le temps est venu de l’économie de sobriété. Désormais, la prise en compte de l’empreinte carbone va imposer de s’interroger sur l’intérêt de ces nouveaux équipements », rajoute-t-il. Développer l’électronique est source de nuisances sur l’environnement, mais ne pas s’attacher à la réduction de la consommation des fluides n’est pas envisageable. Plus de 50% de l’empreinte carbone dans le logement est liée au chauffage et à la consommation d’électricité. Déjà, les choix de domotique se sont orientés sur des secteurs comme l’énergie, la qualité de service et la gestion patrimoniale. « L’idée est de prioriser les enjeux à forts impacts avec en tête l’énergie et la sécurité des personnes (dispositifs incendie et qualité de l’air), puis l’accompagnement du vieillissement. Mais là encore, il faut se poser les bonnes questions. Jusqu’où la domotique doit-elle accompagner les personnes âgées ? Est-ce au détriment des relations humaines ? » Le smart home améliore la qualité de vie au quotidien, mais le public demeure méfiant. « Si les bailleurs sociaux sont en pointe en matière d’innovations technologiques, ils restent vigilants sur le risque d’obsolescence et durabilité de ces équipements », conclut Nicolas Prudhomme.
La domotique pour l’autonomie à domicile
Avec un interrupteur unique pour l’ouverture et la fermeture des volets, l’éclairage par détection au passage de l’habitant ou la régulation automatique de la température, les habitants âgés ou handicapés réduisent leurs gestes quotidiens. Pour les sécuriser, alarmes, détecteurs de gaz ou télécommandes d’alerte sont installés dans leur logement. En allant plus loin, par le croisement d’indicateurs variés, il est possible d’analyser la santé de l’habitant pour prévenir la fatigue, la perte d’autonomie ou l’isolement. Mais comme le rappelle Qualitel, des questions simples d’accessibilité restent à régler: deux bâtiments résidentiels collectifs sur trois ne disposent pas d’ascenseur.