Les logements de demain devront améliorer la qualité de vie des habitants
Pour les habitants, le choix du logement est avant tout commandé par leur confort de vie. Ensuite, selon leur âge, leur mode de vie, leurs aspirations se singularisent : adaptabilité, mobilité, partage, domotique… L’idéal serait un logement sur mesure.
Selon les illustrations largement médiatisées dans la presse, le logement de demain serait producteur d’énergie, construit avec des matériaux biosourcés, ouvert aux espaces partagés et largement connecté. Pourquoi pas ? L’année qui vient de s’écouler remet les aspirations partagées par le plus grand nombre des habitants au coeur du débat. Confinés durant de longs mois, les Français ont dû, par la force des choses, vivre à temps complet chez eux. Comme le baromètre 2020 de l’association Qualitel le constate, le manque de place est leur première difficulté et ce sont ceux qui disposent du moins d’espace (moins de 35 ans, foyers avec bébés, habitants de studio) qui ont connu le plus de moments de tension pendant le confinement.
Le lieu de l’intime
« Avant même que ne débute la pandémie, nous avions axé le baromètre 2020 sur la thématique de l’espace et de l’aménagement intérieur, explique le directeur général de Qualitel, Antoine Desbarrières, car nous avions constaté une tendance généralisée à la réduction de l’espace : les hauteurs de plafonds diminuent alors que les Français grandissent ». L’organisme de certification a choisi d’intégrer, depuis un an, une hauteur de plafond minimale de 2m50, sauf règles d’urbanisme trop contraignantes.
Les hauteurs de plafonds diminuent
alors que les Français grandissent.
Selon Qualitel, le manque d’espace se traduit par exemple, pour près de la moitié des foyers avec des revenus modestes (45%), par l’impossibilité d’installer un lave-vaisselle. Comme le constatent le professeur des universités Alain Bourdin et Pauline Sylvestre, urbaniste spécialisée en sciences sociales dans l’étude qu’ils ont publiée récemment dans un livre sur les attentes des habitants, le logement est avant tout le lieu de l’intimité. Ce qui signifie que les attentes sont axées sur le confort de vie : un logement assez grand, isolé, des espaces ouverts vers l’extérieur, des espaces de stationnement plus accessibles, voire des jardins…
Le choix de la qualité
Les Français plébiscitent les logements flexibles : des cloisons permettant de faire évoluer la destination d’une pièce en fonction des besoins et au fil du temps. Avec la montée en puissance du télétravail, l’adaptation reste une priorité. Mais selon Qualitel, des efforts restent à faire : près de la moitié des personnes âgées (49%) considèrent que leur habitat n’est pas adapté au vieillissement. Certaines attentes ne concernent qu’une minorité, des niches d’habitants. C’est le cas du logement connecté. La peur de voir cette intimité menacée par la domotique est réelle. Certains habitants, qui aspirent à une vie sociale plus riche, militent pour un habitat partagé. En Ille-et-Vilaine, l’association « La maison en ville » propose depuis 26 ans aux étudiants différentes sortes de logements à partager. « Il n’existe pas de logement type. Et si selon certaines périodes de vie, on peut être prêt à s’engager dans la colocation, cette aspiration reste marginale. Les seuls sujets tranchés sont ceux de l’isolation phonique, de la qualité des équipements, de la qualité du logement », rétablit Antoine Desbarrières.
Des innovations, mais comment ?
« Selon les générations et le lieu de vie, les attentes varient. Il est difficile pour les concepteurs de se projeter sur le logement du futur. Quand on conçoit un logement, il faut qu’il puisse s’adapter à tout type de mode de vie et la mutabilité du logement devient une nécessité », rajoute le directeur général de Qualitel. Répondre aux attentes diverses impose un passage par une concertation avec les habitants et rallonge le temps de conception, mais la démarche est payante comme l’illustre l’atelier Tristan La Prairie, architecte qui a décliné son expérience pour un bâti de 40 logements en centre-ville de Quimper. Et pour les pionniers, comme les ont nommés Alain Bourdin et Pauline Silvestre, c’est-à-dire ceux qui aspirent à des logements innovants, la coopération constitue une ressource pour les promoteurs. « On peut imaginer que sur chaque opération existe un « reste à concevoir » qui serait négocié avec les pionniers », proposent les deux chercheurs . Quoi qu’il en soit, les spécialistes préfèrent parler de diversité lorsqu’ils s’interrogent sur les logements de demain. Et les constructeurs de plancher sur des offres hydrides et multiples pour répondre aux futurs besoins des habitants.