Le logement porte des exigences croissantes en matière d’énergie
Les politiques publiques visant à inciter les particuliers à faire des rénovations thermiques, comme les réglementations qui poussent à amplifier la qualité des constructions, se multiplient, mais des freins demeurent.
Changez votre chaudière, refaites les fenêtres, isolez par les combles… les injonctions à rénover son logement et les dispositifs d’accompagnement financier ne manquent pas, mais le chantier est colossal : sur les 29 millions de résidences principales au 1er janvier 2018, environ 4,8 millions de logements (soit près de 17% du parc) sont très énergivores, qualifiés de « passoires thermiques ». Une urgence pour atteindre les objectifs climat de la COP21 de Paris de 2015, d’autant plus criante qu’elle se double d’une problématique sociale forte. Selon le ministère de la Transition écologique, 3,5 millions des ménages, soit 11,9% des ménages, étaient en situation de précarité énergétique en France métropolitaine en 2019.
Surchauffe sur la rénovation
La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015 s’est donnée pour ambition de réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et la consommation énergétique du secteur du bâtiment de 50% en 2050. En 2018, le gouvernement a lancé un plan de rénovation énergétique des bâtiments sur la durée du quinquennat, annonçant 14 milliards d’euros de soutien public alloués, dont 3 milliards d’euros de prêts bonifiés accordés pour la rénovation de 500 000 logements sur 5 ans, permettant ainsi la disparition des passoires énergétiques du parc social. Au nombre des engagements, l’accompagnement financier chaque année de 150 000 rénovations de passoires thermiques habitées par des ménages propriétaires à faibles revenus.
Interdiction des passoires énergétiques
« On observe depuis six mois une surchauffe au niveau du réseau Faire (service public qui guide gratuitement dans les travaux de rénovation énergétique), la Prime Rénov’ a fortement augmenté et les particuliers se sont précipités.
Vers une interdiction
progressive de la location
des logements
les plus énergivores.
Les 2 milliards supplémentaires du plan de relance de 2020 seront consommés d’ici la fin de cette année », constate Etienne Charbit, responsable projets efficacité énergétique du CLER (Réseau pour la transition énergétique). Selon les dernières données de l’ANAH, sur les six premiers mois de l’année 2021, 382 442 demandes ont été déposées, dont 297 003 acceptées, représentant 862 millions d’euros de primes. Cette année, avec la loi climat et résilience, une interdiction progressive de la location des logements les plus énergivores va être instaurée. La loi climat et résilience vise à fiabiliser le diagnostic de performance énergétique et à renforcer la lutte contre la fraude pour améliorer la qualité des travaux de rénovation.
Une ambition à confirmer
Selon le Haut conseil pour le climat qui a rendu son rapport annuel en juin 2021, « l’appareillage statistique ne permet toujours pas de suivre de manière fiable et précise l’évolution de la performance énergétique du parc de bâtiments français en tenant compte des enjeux de transition juste ». Pour le responsable projets efficacité énergétique du CLER, « les exigences en matière de rénovation performante seront diminuées avec la loi Climat, allant jusqu’à réduire de moitié le niveau d‘économie attendue. La réglementation environnementale, la RE 2020, a été repoussée de janvier 2020 à cet été, puis à janvier 2022. Elle prend en compte, et c’est nouveau, l’empreinte carbone avec l’évaluation des émissions de gaz à effet de serre. Toitures et façades végétalisées, bâtiments bas carbone, immeubles à énergie positive dessinent les plans des logements de demain. L’ambition est élevée : proposer des logements vertueux, bioclimatiques, moins énergivores… et beaucoup plus centrés sur l’occupant.