Bretagne • Quimper : tout le monde ne veut pas le même logement !
Pour un projet de quarante logements, Logis Breton a opté pour une solution exceptionnelle : construire seulement la structure d’un bâtiment pour donner aux habitants la liberté de dessiner leur habitat.
Si l’habitat participatif porté par un groupe d’habitants est aujourd’hui courant, il n’en est pas de même pour un projet porté par un maître d’ouvrage professionnel. Quand « Tristan La Prairie architecte », atelier de Brest, a répondu à un concours lancé par Logis Breton, coopérative HLM, l’expérience de la concertation des urbanistes de l’atelier a permis à l’équipe de gagner le marché. L’innovation : un bâti de 40 logements en centre-ville de Quimper dont seule la structure en béton était arrêtée. L’idée était de proposer aux futurs habitants les mêmes possibilités de choix que dans une maison individuelle. Banco ! « Très vite, Logis Breton a reçu des demandes de personnes intéressées par l’idée de pouvoir dessiner leur logement », commente Tristan La Prairie.
Agencement intérieur, couleur des façades, taille et emplacements de fenêtres, mais aussi taille et emplacements des balcons laissés au choix des nouveaux habitants. Même la taille de logement pouvait être modulée en fonction des besoins des ménages. « Chaque cage d’escalier offrait un palier extérieur de 30 m2 constructibles. Nous avons reçu chaque habitant : l’un pouvait acheter 55 m2 alors que les T2 faisaient 45 m2, on a rajouté 10 m2, l’autre avait besoin d’une pièce supplémentaire pour garder des enfants… On a pu trouver des solutions pour des demandes qui, en principe, sont sans solution », rajoute l’architecte urbaniste.
Prendre du temps en amont
Désirant être voisines, deux anciennes colocataires ayant un handicap différent ont désormais chacune un logement adapté. Les quarante logements vont se décliner en accession libre, accession sociale et locatif social. Comment rendre cette opération reconstructible ? « Il suffit de prendre un peu plus de temps pour connaître les besoins des habitants. Mais on ne construit pas pour plus cher. » Pour autant, comme le reconnait Tristan La Prairie, Quimper offre des opportunités : le territoire n’est pas trop cher et cette condition permet de dupliquer l’expérience. Ensuite, un certain nombre d’outils ont dû être mis en place pour accompagner cette expérimentation, comme l’adaptation du règlement de copropriétés. « On a lâché sur rien. Le résultat sera au même coût que celui défini de l’appel d’offres. Bien sûr, l’atelier brestois a d’autres projets. Désormais, la méthode est arrêtée et l’ensemble des outils va être mis à disposition des professionnels qui voudraient à leur tour se lancer. Cette expérience a d’autant plus de sens qu’elle met en avant une petite ville, fière de porter cette expérimentation. »