« Le centre commercial doit élargir ses fonctions premières pour avoir un rôle d’animateur du quartier »
En construisant des quartiers de logements dans des zones jusqu’ici commerciales, les agglomérations attendent-elles des centres commerciaux de s’adapter ?
Carmila est fortement intégrée sur les territoires avec 128 centres commerciaux, tous attenants à des hypermarchés, le plus souvent dans les pôles d’activité des villes moyennes et des grandes villes. Les villes s’étendent et les centres commerciaux se trouvent alors au centre de nouveaux programmes urbains, par exemple avec l’arrivée des transports en commun, comme l’extension du tramway à Toulouse Labège. Les centres commerciaux sont aujourd’hui de nouveaux cœurs de ville ; ce qui signifie, pour nous, de mettre en œuvre, avec les élus, un certain nombre d’adaptations.
Quels sont ces nécessaires changements pour répondre à l’arrivée de ces nouveaux habitants ?
Ce nouveau cœur de ville doit proposer les mêmes services que le centre-ville. Avec plus de familles, les services du quotidien comme le pressing, la pharmacie sont renforcés. Les commerçants locaux, qui représentent aujourd’hui 40% de l’offre, ont une place essentielle dans notre stratégie commerciale. Si les pistes cyclables arrivent jusqu’au quartier, il faut proposer des enseignes de vélos électriques. Confrontés à une carence de l’offre médicale, les communes nous sollicitent et Carmila a créé une enseigne de santé, Vertuo, pour développer l’installation de cabinets médicaux. Un centre dentaire de dix fauteuils a été ouvert à Athis-Mons dans l’Essonne. Notre objectif est d’ouvrir une cinquantaine de projets santé d’ici 2025.
Les projets urbains vous imposent-ils de redessiner vos centres commerciaux ?
L’enjeu est avant tout de transformer nos actifs pour répondre aux nouveaux enjeux urbains : une accessibilité renforcée, une meilleure intégration environnementale, une offre de commerces et de services adaptée. Notre accompagnement des politiques urbaines des élus peut aller jusqu’à travailler des projets de restructuration visant à renforcer le dynamisme économique et social d’un bassin de vie. Ce fut le cas pour le nouveau quartier l’ Eco Vallée Plaine du Var situé sur l’agglomération de Nice. Notre centre commercial Nice Lingostière a été totalement réorganisé avec une extension permettant d’accueillir cinquante nouvelles enseignes et des espaces optimisés pour mieux servir les besoins des habitants et usagers. Nous y avons consacré un budget de 90 millions d’euros d’investissement.
L’arrivée des habitants a-t-elle pour effet de donner aux centres commerciaux une fonction qui dépasse l’offre commerciale ?
Le centre commercial doit élargir ses fonctions premières (les courses du quotidien, le plaisir du shopping en famille, la qualité de la restauration) pour avoir un rôle d’animateur du quartier. Cela se traduit par un partenariat quotidien avec les associations pour organiser des expositions, des animations, des tournois de sports, mais aussi, avec les élus, de mettre en place toutes les activités qui renforcent le lien social, comme des forums pour l’emploi ou encore des points d’accueil pour les personnes victimes de violence familiale.
Réaliser des projets de mixité urbaine impose du foncier, avez-vous sur ce sujet une réflexion pour y contribuer ?
En février dernier, le groupe Carrefour a signé un partenariat avec Altarea, promoteur immobilier leader des grands projets de renouvellement urbain, pour initier sur trois sites en copropriété (Nantes, Sartrouville et Flins/Aubergenville) des projets de mixité. Nous avons une vingtaine d’autres projets à l’étude, qui visent à optimiser le foncier disponible, par exemple les parkings, en y implantant des logements ou des activités tertiaires. Notre démarche est pragmatique et vise à travailler en concertation avec les acteurs publics pour transformer nos espaces de commerce et répondre pleinement aux enjeux de chaque territoire.