Traiter les déchets, est-ce rentable pour les petites entreprises ?
Réduction des déchets à la source, collecte personnalisée, optimisation de la valorisation : de nombreuses solutions pour alléger les dépenses liées au traitement des déchets professionnels.
Les entreprises sont responsables des déchets qu’elles produisent, même lorsqu’elles les transfèrent à un tiers, comme le prévoit le Code de l’environnement. Mais le traitement de leurs déchets coûte cher et gâche de l’énergie : en 2016, elles y ont consacré 3,9 milliards d’euros et près de 105 millions de tonnes équivalent pétrole. Pour les PME et les TPE, ce coût peut être dissuasif, et c’est une des raisons de la multiplication des dépôts sauvages ou à proximité des déchetteries publiques sur le territoire français ces dernières années. 10 000 tonnes de gravats s’étaient ainsi accumulées dans une décharge sauvage, à Carrières-sous-Poissy, dans les Yvelines. Pour mettre fin à ce fléau, la loi AGEC a donné aux maires le droit de sanctionner les coupables par des amendes administratives allant jusqu’à 150 000 euros.
Un déchet n’est jamais rentable,
quel que soit son mode de traitement.
Mais la loi AGEC ne manie pas que le bâton. Elle a lancé plusieurs nouvelles filières REP pour traiter les flux des entreprises, dont une dédiée aux déchets des matériaux de construction. L’Ademe a aussi mis au point un arsenal de solutions pour convaincre les entreprises de réduire leur production de déchets en amont sans perdre d’argent, partant du principe qu’un déchet n’est jamais rentable, quel que soit le mode de traitement. D’après son étude « €ntreprises témoins », les entreprises engagées dans des démarches de réduction ont réalisé plus de 3 millions d’euros d’économies en 2016 : Colly & Martin, un industriel de la plasturgie, a économisé 44 000 euros en réintroduisant du plastique dans le processus de fabrication, et Ahlstrom, un papetier, 30 000 euros en réemployant des containers de 1 000 litres.
Mieux gérer les déchets, c’est bon pour la santé des salariés et l’image de marque des PME
En juin 2020, dans le cadre du plan d’accélération de la transition écologique présenté par le gouvernement, l’Ademe et Bpifrance ont lancé le réseau du Coq Vert, avec soutien financier à la clé, pour fédérer les entreprises impliquées dans la transition écologique et encourager les échanges de bonnes pratiques. Les entreprises éligibles doivent avoir suivi un programme de transformation écologique qui comporte un volet de réduction et de valorisation des déchets. Le Coq Vert sert aussi à orienter vers ces entreprises les financiers qui veulent verdir leur portefeuille, ou les donneurs d’ordre qui cherchent des partenaires engagés dans le respect de l’environnement. Par ailleurs, la densification très attendue du réseau de déchetteries professionnelles devrait contribuer à absorber les faibles volumes de déchets à traiter des PME et TPE. Des prestataires privés proposent aussi des solutions compétitives adaptées. Clikeco, un réseau national de collecte des petits volumes de déchets dangereux, qui doivent être éliminés en centre de traitement agréé, prend en charge les formalités administratives telles que l’édition du bordereau officiel de suivi des déchets. Car à la pression réglementaire vient s’ajouter la pression sociétale : les donneurs d’ordre exigent de plus en plus des entreprises qu’elles soient en mesure de prouver leur conformité avec la loi, ce qui profite aussi à leur image de marque. Enfin, une gestion des déchets dans les règles sécurise les salariés et limite les risques d’accidents du travail : autant d’économies potentielles pour les PME.