L’écoconception ouvre la voie à une production plus « verte »
En appliquant l’écoconception, les industriels peuvent améliorer les performances environnementales de leurs produits tout au long de leur cycle de vie. Même si elle a un coût pour les entreprises, elle est positive pour leur image.
80% des impacts environnementaux de la vie d’un produit ont lieu pendant la phase de conception, lit-on dans le plan d’action pour l’économie circulaire que la Commission européenne a présenté en mars 2020. Une piste pour réduire ces impacts consiste à adopter les principes de l’écoconception. Cette démarche d’amélioration continue, définie en 2009 par la directive européenne 2009/125/CE, consiste à « intégrer des caractéristiques environnementales dans la conception du produit en vue d’améliorer sa performance environnementale tout au long de son cycle de vie », depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la fin de vie, en passant par la phase d’utilisation.
L’écoconception s’applique
à tous les produits,
y compris les plus sophistiqués.
Pour les industriels, l’écoconception n’est pas une nouveauté. Ils ont commencé à l’appliquer dès 2011 pour respecter les réglementations sur l’efficacité énergétique des équipements électriques. Depuis, d’autres contraintes se sont ajoutées, plus complexes à appréhender : les émissions de gaz à effet de serre et l’utilisation des ressources. Mais les progrès réalisés dans les analyses de cycle de vie (ACV) permettent d’évaluer avec précision la contribution de chaque étape de production à l’impact environnemental global, et donc de cibler les efforts.
Des plans quinquennaux d’écoconception pour les filières polluantes
L’écoconception concerne l’ensemble des produits, des plus simples, comme les produits alimentaires, aux plus sophistiqués, comme les produits électroniques. Ainsi, le groupe D’Aucy, coopérative de l’agro-alimentaire, s’est engagé dans une démarche d’écoconception de sa filière œuf, et a substitué le soja par des produits locaux dans l’alimentation de ses poules. Fairphone, fabricant néerlandais de téléphones portables, a mis en place des filières équitables sur huit métaux, et facilite la réparation des téléphones avec des pièces détachées. La loi AGEC pousse certaines industries à aller plus loin en prévoyant des « plans quinquennaux » d’écoconception pour les filières les plus polluantes. Ces plans permettront d’évaluer à intervalles réguliers les actions de ces filières pour réduire leur impact environnemental, par exemple en intégrant plus de matière recyclée et en proposant des produits plus recyclables. Les entreprises qui joueront le jeu pourront voir leur contribution aux filières REP modulées en fonction de leurs actions d’écoconception. Mais l’équation économique de l’écoconception ne va pas de soi. Mettre en place une démarche d’écoconception n’est pas toujours rentable, comme le montre l’exemple du groupe SEB, spécialiste du petit équipement domestique. Celui-ci a choisi de produire une gamme de poêles et de casseroles en aluminium recyclé, qui coûte plus cher que l’aluminium vierge, obligeant SEB à augmenter les prix de cette gamme. Ces difficultés sont connues de l’Ademe, qui avait déjà analysé les bénéfices économiques et financiers de l’écoconception. Le 12 mars dernier, elle a lancé trois dispositifs d’accompagnement et d’aides financières aux entreprises qui veulent mettre en place l’écoconception dans leur stratégie, dans trois domaines : le numérique, l’alimentation et la mode durable.