La fin du plastique à usage unique dope l’innovation
L’élimination annoncée des emballages en plastique à usage unique va bouleverser la production industrielle et les habitudes de consommation. Bonne nouvelle : les solutions de substitution se multiplient et les consommateurs s’adaptent rapidement.
En France chaque année, quelque 2,2 millions de tonnes d’emballages en plastique et 100 milliards d’objets jetables sont mis sur le marché. Chaque Français en consomme 68 kg par an. Mais cet âge d’or du plastique à usage unique touche à sa fin : la loi AGEC a érigé en priorité son éradication à l’horizon 2040. Une série de produits jetables en plastique, dont les couverts, les confettis et les tiges pour ballons, est interdite à la vente depuis le 1er janvier 2021.
Chaque Français
consomme
68 kg de plastique
à usage unique par an.
Une étape supplémentaire a été franchie le 30 avril avec la publication du « décret 3R » (Réduire, Réemployer, Recycler). Ce décret fixe trois objectifs à atteindre d’ici 2025 : réduire les emballages en plastique à usage unique de 20%, par le réemploi et la réutilisation ; tendre vers une réduction de 100% des emballages « inutiles », qui ne remplissent pas de « fonction technique essentielle » (protection, transport ou support d’information) ; tendre vers 100% de recyclage, en mettant sur le marché des matériaux recyclables. Le décret 3R enclenche un bouleversement de la production industrielle et des habitudes de consommation. Il va accélérer le réemploi, encore très peu développé, et le recyclage du plastique, dont le taux, de l’ordre de 27%, est l’un des plus faibles de l’Union européenne. La filière du packaging s’est engagée à incorporer dès 2025 440 000 tonnes de matières recyclées par an dans ses produits. Cet engagement pourrait être facilité par des innovations comme celle de Carbios, une startup de Clermont-Ferrand, qui a mis au point une enzyme capable de recycler à l’infini le PET, un plastique très abondant dans le monde.
Plastique végétal, bouteilles compostables, vaisselle comestible
Tous les usages du plastique ne trouveront pas d’alternatives, et sa fin pourrait conduire à la disparition de nombreux produits du quotidien, comme le dentifrice en pâte, la lessive liquide, certains produits d’entretien. Mais les industriels n’ont pas attendu l’interdiction du plastique pour réfléchir à des solutions. Le carton, le verre, la toile de jute, l’inox pourraient rapidement se substituer au plastique pour une multitude d’usages, tout en encourageant la réutilisation, même si leur fabrication n’est pas neutre pour l’environnement. La substitution stimule aussi la créativité des startups, avec le soutien de Bpifrance et de l’Ademe. Certaines exploitent les propriétés des végétaux, algues, amidon de maïs, cellulose, etc. : la Veganbottle de Lyspackaging, une bouteille 100% compostable, est constituée de bagasse de canne à sucre ; la brosse à dents J’aime mes dents utilise des poils de fibre de bambou ; Greenfib, une matière biosourcée et recyclable, à base de graines de ricin, de coquilles d’huîtres réduites en poudre et de farines végétales, a intégré la matériauthèque de LVMH. Plus originales, d’autres inventent la vaisselle comestible : les couverts Koovee en farine de blé, huile de colza et sel, ou les tasses de café en biscuit bio de Tassiopée, pour remplacer les 5 milliards de gobelets en plastique utilisés chaque année en France. Signe encourageant, les comportements peuvent changer rapidement : après l’interdiction des sacs plastiques en 2017, les Français sont plus nombreux à faire leurs courses avec leurs propres sacs, et plus d’un tiers achète des produits alimentaires en vrac.