« Réinventer les villes pour accompagner la massification du télétravail »
Le développement du télétravail est-il susceptible d’impacter de manière significative les politiques publiques territoriales ?
Depuis le début de la crise sanitaire, il y a plus d’un an, la notion de télétravail s’est véritablement imposée. Ce dernier était au départ essentiellement subi, puis il est désormais considéré comme une opportunité pour un certain nombre de salariés. Évidemment, si le télétravail ne concerne qu’une partie de la population, les élus locaux ont toutefois engagé des réflexions autour de cette thématique. A commencer par le développement de tiers-lieux, les fameux espaces de coworking. Cette politique publique est très intéressante pour nos villes moyennes qui investissent de plus en plus pour diversifier l’offre de service et attirer ces nouveaux publics.
Ce phénomène constitue-t-il une opportunité pour les villes ? Peut-être particulièrement les villes moyennes ?
A la sortie du premier confinement en avril 2020, Villes de France a réalisé son 2nd baromètre des territoires. Le constat était clair : avec l’essor du télétravail, près d’un quart des actifs habitant des grandes villes, et même 36% chez les moins de 35 ans, envisageaient de déménager.
L’attractivité des villes moyennes s’est vérifiée sur le terrain.
Depuis, ce constat sur l’attractivité des villes moyennes s’est vérifié sur le terrain. Tout d’abord auprès des agences immobilières, puis auprès des notaires. Toutefois, certains territoires ont plus bénéficié de cet « exode urbain », et notamment les villes connectées aux métropoles.
Les nouveaux modes de travail sont-ils porteurs d’enjeux spécifiques en termes de cohésion territoriale ?
Nous le constatons, le recours au télétravail va s’installer dans la durée. Ce qui va nécessairement conduire à des changements d’habitude de vie. Nous devons prendre en compte ces nouveaux enjeux. Je pense là forcément au numérique, sans quoi tout développement du travail à distance est impossible. Les maires sont déjà engagés sur ces questions essentielles de généralisation de la fibre optique ou encore l’arrivée de la 5G, notamment par le biais du plan de relance. C’est aussi l’occasion de repenser l’aménagement du territoire grâce aux mobilités entre les centres urbains, où se trouvent les emplois, et nos villes moyennes. Sur ce sujet, nous ne devons pas être en confrontation, mais bien en complémentarité.
Quelle est, quelle peut être et quelle doit être la part des villes dans la réflexion collective sur les contours du télétravail ?
Cette crise conduit les maires à se réinventer pour accompagner la massification du télétravail. Villes de France a ainsi proposé d’intégrer encore plus fortement les tiers-lieux dans le programme national Action cœur de ville comme outil de redynamisation des centres-villes. Engager une réflexion sur le télétravail, c’est surtout adopter une vision d’ensemble : ces nouveaux habitants, ce sont de nouveaux clients pour les commerces, de nouveaux enfants pour les écoles, de nouveaux spectateurs pour les lieux culturels. Tout cela se prépare. Sans compter que ce phénomène va également se développer au sein des administrations de nos villes, ce qui devra nous conduire à repenser le service public de proximité. Les villes, et particulièrement les villes moyennes, doivent donc être un acteur majeur de ces réflexions.