Pays-Bas : Le travail où je veux, quand je veux
Les Néerlandais n’ont pas attendu la pandémie pour télétravailler. Il faut dire qu’aux Pays-Bas, tout concourt à la flexibilité des temps de vie.
C’est, avec le bloc scandinave, l’un des pays où la culture du travail est la plus flexible au monde. Les Pays-Bas, terre de grande libéralité dans l’organisation individuelle des temps de vie. Alors que les Français, ainsi que de nombreux autres pays européens, faisaient en mars 2020 l’épreuve à marche forcée du télétravail, les Néerlandais, eux, n’ont pas eu à forcer leur talent. Le télétravail fait en effet de longue date partie de leurs habitudes. Covid ou pas, le fait de travailler où l’on souhaite, et un peu quand on le souhaite, est une chose normale aux Pays-Bas, où avant la pandémie, un actif sur six travaillait déjà régulièrement à distance. Cet ancrage du télétravail s’explique entre autres par le grand nombre de freelances aux Pays-Bas. Les indépendants, dont beaucoup travaillent en partie à leur domicile, forment en effet une population de 1,1 million de personnes, dans un pays qui ne compte que 16 millions d’habitants.
Cette pratique du télétravail a donné à la Hollande une véritable longueur d’avance par rapport au reste du monde lors du premier confinement : pas ou très peu de rupture d’activité, une fluidité quasi « naturelle » des processus et des transferts d’organisation. Et pour cause : les matériels, outils et environnements de travail à distance étaient déjà non seulement en place au domicile des travailleurs – souvent d’ailleurs financés en partie par leur employeur –, mais aussi parfaitement rôdés.
98% des foyers ont accès au haut débit
Cette avance dans l’appropriation généralisée du télétravail tient à une conjonction de facteurs. A commencer par une excellente couverture des réseaux internet. Dans un pays où 98% des foyers ont accès au haut débit, où l’éducation au numérique se pratique dans toutes les écoles, où la « fracture numérique » reste faible, les usages numériques sont forcément plus présents qu’ailleurs. Une autre explication à cette ubiquité des travailleurs renvoie à la culture managériale néerlandaise, en grande partie basée sur la confiance. Les Pays-Bas ne sont pas seulement leaders sur le front du télétravail, ils sont aussi les champions de l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle. Le concept de vacances illimitées, par exemple, commence à essaimer dans quelques entreprises pilotes, comme la banque en ligne ING.
1,1 million de freelance pour 16 millions d’habitants.
Les Néerlandais bénéficient également d’un habitat de qualité, avec marché de l’immobilier abordable, pour des logements souvent spacieux et fonctionnels. Enfin, les infrastructures publiques et les nombreux tiers-lieux se prêtent volontiers au travail à distance. Bibliothèques, cafés, restaurants, gares, jardins publics accueillent de longue date des télétravailleurs à toute heure de la journée, en les assurant d’une bonne connexion Internet.
Le télétravail n’est pas l’apanage des entreprises privées. Pour encourager les employés des administrations à travailler de chez eux, le gouvernement néerlandais leur verse même une allocation défiscalisée, constituée d’une compensation mensuelle de 80 euros pour utilisation de l’espace personnel et d’une prime d’équipement matériel de 1 800 euros pour une période de 5 ans.