QUESTIONS À… Franck Gintrand, délégué de l’Institut des territoires
Le développement du télétravail acte-t-il la « revanche des villes moyennes ? »
Je voudrais y croire. Les villes moyennes en sont convaincues. Les médias nous l’affirment. Mais ce mouvement d’opinion ne fait que refléter une vieille aspiration des urbains – que la crise a sans doute exacerbée – à s’installer « au vert ». Mais des intentions aux actes, le fossé est gigantesque. Les cadres n’iront pas s’installer dans des villes moyennes. L’exode – si exode il y a – profitera encore et toujours aux grandes métropoles, car elles concentrent les emplois, a fortiori les emplois cadres.
Plusieurs villes moyennes et départements ruraux ont pourtant lancé des campagnes de communication…
Soyons clairs, l’affichage dans le métro parisien ne sert à rien. D’autant qu’il s’appuie généralement sur des budgets très modestes. Les enjeux des villes moyennes sont d’une autre importance : il s’agit de bâtir de véritables stratégies de développement économique à caractère productif, de faciliter des synergies entre les filières de formation, de recherche et les entreprises.
Cela passe par quels types d’action ?
Cela suppose que les élus engagent un véritable état des lieux, que l’on pose des diagnostics, que l’on arrête des priorités : « En quoi la spécificité de mon territoire peut-elle être un atout dans la chaîne de de valeur d’une entreprise ? » Plutôt que d’essayer de faire venir les cadres de Paris ou des grandes métropoles, les villes moyennes devraient d’abord tout faire pour empêcher leurs propres cadres et leurs propres entreprises de quitter leur territoire. Avant de gagner en attractivité au-delà de ses propres frontières, il faut maintenir de l’attractivité auprès de ses propres ressortissants.