« Le télétravail est une chance à saisir »
Où en est la concertation sur le télétravail ?
Un accord national interprofessionnel a été conclu par les partenaires sociaux le 26 novembre 2020. Il représente une véritable avancée. Chaque entreprise pourra désormais s’en servir pour mettre en place de manière durable le télétravail.
La portée « sociétale » du télétravail ne risque-t-elle pas d’être occultée par une approche trop réglementaire ?
De nombreux employeurs, DRH, manageurs, salariés et leurs représentants réfléchissent et agissent pour ajuster leur organisation du travail, les horaires, le management. Mais il est vrai que l’approche du télétravail reste, dans d’autres structures, uniquement technique et réglementaire.
Un dialogue doit donc être mené avec les acteurs de territoire.
C’est ce qui ressort, par exemple, de l’analyse par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail d’une cinquantaine d’accords signés en 2020. Le cadre du télétravail est parfois défini essentiellement par le nombre de jours, les avenants, les responsabilités de chacun, l’équipement. Il est intéressant d’aller plus loin pour accompagner les évolutions liées au télétravail. Cela peut passer par le fait d’ouvrir le dialogue sur l’organisation des lieux de travail, les modalités de management, l’articulation du présentiel-distanciel, l’usage des outils numériques, ou encore l’accompagnement à la transformation des métiers (nouveaux outils, nouvelles compétences).
Comment le gouvernement peut-il prévenir les risques pour la santé des salariés ?
Si le télétravail est obligatoire pour toutes les activités qui le permettent pour limiter la circulation du virus, j’ai souhaité que nous maintenions le jour de soupape qui permet aux salariés qui en expriment le besoin de revenir au bureau un jour par semaine, en accord avec leur employeur. Mes services sont également mobilisés pour accompagner les entreprises et notamment les TPE-PME. Par ailleurs, nous avons ouvert une ligne d’assistance téléphonique gratuite et 7j/7 – 0800 13 00 00 – pour les salariés en télétravail.
Les territoires sont et seront impactés au premier chef par le développement des nouveaux modes de travail…
En effet. L’organisation des tâches à distance peut amener de plus en plus d’entreprises et de salariés à s’installer en dehors des grandes métropoles, ce qui permettra, au final, d’éviter la concentration des emplois dans certains territoires. La question des infrastructures mises à disposition pour faciliter le travail à distance se pose : débit internet, présence des tiers-lieux… Le maintien du télétravail après la crise – même à un niveau d’un jour ou deux par semaine – aura des répercussions certaines sur les modalités de recrutement, l’immobilier de bureau, les mobilités de déplacement domicile-travail. Un dialogue doit donc être mené avec les acteurs de territoire, pour penser ces changements et les anticiper au mieux.
Plus d’un an après le début de la crise, peut-on dire que le télétravail est une chance à saisir ?
Oui. Il fait partie des changements structurels imposés par la crise qui resteront. Sa démocratisation nous oblige à repenser l’articulation des temps de vie, à revoir nos méthodes de management, à davantage développer la prise d’autonomie et d’initiative dans nos organisations. C’est aussi une occasion d’enrichir le dialogue social au sein de chaque entreprise.