« Malgré une perte estimée à 1 Md€ en 2021, nous augmentons les investissements »
Comment a évolué la fréquentation du réseau depuis le début de la crise sanitaire ?
Entre mi-mars et mi-mai 2020, le trafic est descendu à 5% de la normale. La fréquentation est remontée à 30-40% au déconfinement, puis à 70% à la rentrée 2020, avant de rechuter à 30% en novembre, lors du reconfinement, puis 40% en décembre.
Quel est l’impact sur les recettes commerciales ?
Plus de 2 Md€ : 1,6 Md€ sur les recettes voyageurs et environ 500 M€ au niveau du versement mobilité. Île-de-France Mobilités (IDFM) est une collectivité publique particulière : à l’instar du Sytral à Lyon, nous sommes les deux seules, en France, à n’opérer que du transport. Nos recettes sont donc conjoncturelles. À ce titre, nous avons plus souffert, en 2020, que les autres collectivités, qui ne font pas que du transport.
Allez-vous réduire vos investissements ?
En pleine crise, une collectivité comme IDFM, qui représente un budget de 12 Md€ par an, ne doit pas réduire son budget de fonctionnement ou d’investissement. Ce n’est pas le moment.
Le masque restera longtemps obligatoire dans les transports.
Nos investissements sont une aide à l’économie. Nous réaliserons les 3 Md€ d’investissement prévus en 2021. Ce niveau est supérieur de 30% aux investissements de 2020 (2,2 Md€). En septembre 2020, Valérie Pécresse a convaincu Jean Castex pour que l’État accorde une aide pour combler le trou de 2020. Idem pour le fonctionnement : nous avons permis à des sociétés de cars, spécialisées dans les transports adaptés et les transports scolaires, de tenir.
Sur quels secteurs portent les investissements d’IDFM ?
Principalement sur l’acquisition ou la rénovation de trains, la rénovation de lignes et de gares, et la billettique (distributeurs de billets et contrôleurs d’accès).
Comment s’annonce 2021 ?
Nous anticipons une perte d’1 Md€. Des incertitudes demeurent. Va-t-on vers une reprise progressive à partir du 15 avril ? Ou bien vers un reconfinement ? (interview réalisée le 11 mars). Le trafic est à ce jour à 50%. Nous allons à nouveau solliciter l’État pour une nouvelle aide en 2021, sur la base de notre estimation de perte de recettes.
Comment apporter de la réassurance aux usagers ?
La RATP et la SNCF ont mis en œuvre des plans de nettoyage très performants. Les matériels roulants sont désinfectés tous les jours. La réassurance passe aussi par le strict respect du port du masque dans les transports en commun. Sur ce point, les agents de sécurité effectuent un gros travail. L’Institut Pasteur a démontré qu’il n’y avait pas de danger sanitaire dans les transports en commun, grâce, justement, au port du masque, et au fait que les gens ne parlent pas, car ils voyagent seuls. Prenez l’exemple des pays asiatiques : après les confinements, les usagers ont repris les transports avec des masques. Il n’y a pas eu de sujet. Mais en France, la réassurance va prendre du temps. Elle passera par la vaccination. Le port du masque restera longtemps obligatoire dans les transports en commun. C’est la meilleure protection.
Quels sont les projets d’innovation et de recherche d’IDFM ?
Avec Nexteo, nous investissons sur un nouveau système d’automatisme, de contrôle et de supervision des trains. Les RER E (Eole), puis B et D sont concernés à l’horizon 2027. En cas de problème, ce n’est plus une décision humaine qui attribue les sillons, mais un logiciel intelligent, ATS +, installé dans les centres de contrôle. Cela améliorera la situation lors de perturbations. D’autres programmes de recherche portent sur l’éclairage LED, ou encore les tissus intelligents – anti-virus, auto-nettoyants…