« L’enjeu est d’être capables d’industrialiser des innovations »
Quels sont les liens entre la SNCF et les start-up ?
La SNCF a une politique active de relations avec les start-up. Notre filiale, 574 INVEST, regroupe l’ensemble des prises de nos participations (160 M€) dans plus de 350 start-up.
L’IA est une des clés pour améliorer notre fiabilité et notre performance.
C’est notre ‘bras armé’ pour investir dans cet écosystème riche du monde des nouvelles mobilités. Une telle approche permet de combiner la puissance de notre groupe avec l’agilité nécessaire aux investissements, sur trois thématiques : mobilités, industrie 4.0 et nouvelles technologies.
Quelle est la démarche d’open innovation de la SNCF ?
Nous avons constitué des Fabs, qui jouent le rôle de centres de compétences et qui accompagnent les projets digitaux SNCF. Elles regroupent des experts en méthodes ou en technologies au service de projets aussi bien en IoT, Big Data, Design ou Open Innovation. L’enjeu est d’être capables d’industrialiser des innovations, en mutualisant des connaissances acquises lors des expérimentations et des phases de prototypage.
Que peut apporter l’intelligence artificielle (IA) au mode ferroviaire ?
L’IA est une des clés pour améliorer notre fiabilité et notre performance. Elle est donc au cœur de notre feuille de route en matière d’innovation. Cela vaut en matière de maintenance et d’industrie comme d’exploitation au quotidien de nos trains ou d’information des voyageurs. Un exemple : un conducteur doit normalement vérifier avant le départ d’un train et à la fin de son service si des voyageurs ne sont pas restés à bord. Cela prend du temps, alors que dans 98% du temps, la rame est bien vide. Grâce à l’IA, nous avons développé pour nos trains Transilien un logiciel permettant de détecter via les caméras de vidéoprotection toute présence humaine à bord, et de déterminer en dix secondes si la rame est bien vide. C’est du gain de temps et de fiabilité, et moins de pénibilité pour l’agent. Cette innovation a été développée par notre centre d’ingénierie du matériel au sein de SNCF Voyageurs.
Quelles sont les innovations à venir ?
Nous lancerons d’ici la fin de l’année une application unique réunissant nos applications OUI.sncf et L’Assistant SNCF. Nos clients nous reprochent souvent la profusion de nos applications. À plus long terme, nous mettrons en service en 2024 le TGV M, la nouvelle génération de TGV, entièrement modulable.
Quelles sont les innovations récentes les plus appréciées par les usagers ?
La crise sanitaire nous a amenés à développer dans des délais très courts une innovation dont je suis convaincu qu’elle va devenir une attente fondamentale des voyageurs : la mesure de l’affluence. Dès le déconfinement de mai 2020, nous avons proposé un indicateur sur nos applications permettant d’informer les voyageurs de l’affluence estimée pour chaque train. Cette information est rendue possible à la fois par la présence de nos agents, qui remontent ce qu’ils constatent sur le terrain, mais aussi par des innovations telles que le volume de téléphones connectés dans une gare, qui donne une idée très fine de l’affluence. C’est un exemple de mélange intelligent de technologie et de présence humaine.
Citeriez-vous en exemple un pays étranger en matière d’innovation ferroviaire ?
Incontestablement, la référence reste le Japon, qui sait combiner un haut niveau de qualité de service et l’excellence sur la régularité. Et cela vaut aussi bien sur les longues distances avec le Shinkansen que pour les transports du quotidien avec le réseau ferré de Tokyo, le plus dense au monde.