Années 2020 : l’avènement du train à hydrogène
L’hydrogène est au cœur des 11 Md€ dédiés au transport dans le cadre de France Relance. Une énergie qui va être expérimentée sur le réseau ferré français.
Le premier train à hydrogène devrait circuler en France en septembre, entre Tours et Loches. La région Centre-Val-de-Loire est candidate pour tester le train iLint conçu en Allemagne par le constructeur ferroviaire Alstom. « Il s’agira d’une circulation d’essai », précise Alstom, le train allemand n’étant pas homologué en France. Quatre autres régions françaises (Occitanie, Grand Est, AURA et Bourgogne-Franche-Comté) sont en parallèle engagées avec Alstom et la SNCF pour la mise au point d’un modèle français de train à hydrogène, afin de remplacer une partie des vieux trains diesel sur des lignes non électrifiées.
Des productions locales d’énergie sont possibles.
Les premiers prototypes de ce modèle bimode hydrogène-électrique sont prévus en 2023. Pour sortir des TER diesel, qui représentent encore un quart du parc national, l’hydrogène reste un mode de propulsion parmi d’autres. « Le panel de solutions englobe aussi des TER hybrides, à batteries ou encore aux biocarburants », rappelle Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs.
Une technologie adaptée pour des liaisons moyennes
L’hydrogène cible des lignes ferroviaires « d’une longueur comprise entre 50 et 200 km, sans accès à une source électrique », décrypte Armin Morabbi (IAC Partners). La technologie n’est pas encore établie, entre piles à combustibles (qui se limitent à quelques MW) et moteurs à combustion hydrogène. Ces moteurs sont en cours de développement (par Bosch ou Mitsubishi par exemple). « Les opérateurs ferroviaires ne vont pas attendre la fin de vie des trains existants. Des maintenances lourdes ont lieu à mi-vie, après 20 ans de service. Il est possible lors de ces opérations de remplacer le moteur et des composants majeurs. » Le fer reste bien moins polluant que les autres modes de transport, surtout sur le réseau national, bien électrifié (80% des trains / km). D’après Armin Morabbi, le ferroviaire attire la filière hydrogène car l’infrastructure de fourniture pour les trains est simple : « Le plein est tout le temps effectué au même endroit, sur des trajets types, avec un trafic stable. » Des productions locales d’hydrogène sont possibles, pour minimiser le coût du transport. À l’échelle nationale, l’Ademe lance plusieurs appels à projets. Au niveau européen, un appel à manifestation d’intérêt dans le cadre du programme prioritaire de recherche (PPR) « Applications de l’hydrogène » est prévu cette année. Il préparera la future génération de technologies de l’hydrogène : piles, réservoirs, matériaux, électrolyseurs…
Pour Alstom, un élément d’indépendance face à l’offensive chinoise
Alstom mettra en service 14 trains Coralia iLint (trains à piles à combustible) à partir de 2022 en Basse-Saxe (Allemagne). Deux trains de pré-série de cette gamme sont déjà en circulation. « Pour Alstom, la maîtrise de la technologie du train à hydrogène est un élément d’indépendance, analyse Armin Morabbi (IAC Partners).
Les intérêts financiers restent faibles, mais il s’agit d’accéder à la technologie du futur, qui peut sauver la filière du matériel roulant en France. Les constructeurs chinois sont en train de « tuer » les constructeurs. Ils ont déjà dépassé les 10% de parts de marché en Amérique du Nord, en partant de zéro en 2014. »