Un fil conducteur : transformer l’expérience d u transport par le train
Avec les innovations technologiques, les efforts financiers des régions et la volonté de la SNCF de grappiller des parts de marché, le train a les moyens de faire sa révolution.
Après plusieurs décennies de somnolence, sur fond de tout-TGV, les initiatives essaiment pour rattraper le retard et moderniser le rail. Le secteur ferroviaire est en plein bouillonnement : mise en place de RER métropolitains à Bordeaux et Strasbourg, gratuité du réseau de tramway testé à Montpellier, éclosion de pôles d’échanges multimodaux (PEM), création d’une filière hydrogène nationale, budgets en hausse dans les régions sur les dépenses ferroviaires…
Budgets, hydrogène, PEM… Les régions en première ligne
En tant qu’autorités organisatrices des transports ferroviaires régionaux, les régions sont en première ligne. Le 5 mars, Bourgogne-Franche-Comté a ainsi annoncé son intention d’acheter trois trains régionaux à hydrogène au constructeur Alstom, devenant la première région française à officialiser une commande de trains utilisant cette technologie sans émissions, qui permet de produire de l’électricité à bord. De manière générale, les budgets Transports deviennent les postes d’investissements les plus lourds. Par exemple en Occitanie, il s’élève à 855 M€ en 2021, soit 23% du budget annuel, et en augmentation de 33 M€ par rapport à 2020. 70 gares ont été ou vont être transformées en PEM. Y figurent aussi la préservation du réseau secondaire (pour 120 M€), la rénovation des rames régionales (pour 30 M€)…
L’accessibilité des gares passe par l’aménagement de parkings
Le nouveau monde ferroviaire bouscule des codes que l’on croyait bien établis. Des centres de maintenance déportés vont être créés à Bordeaux, dans le cadre du RER métropolitain, pour désaturer la gare centrale Saint-Jean. « À Paris, les rames de RER ne sont pas entretenues à Châtelet-les-Halles !, ironise une source à la SNCF. Il est aberrant qu’en province, les technicentres ne soient pas en bout de ligne, pour libérer de la place. » Sur les petites lignes, des solutions innovantes, plus légères et moins chères à l’acquisition comme à l’exploitation, sont à l’étude.
Sur les petites lignes, des solutions innovantes sont à l’étude.
On peut citer le projet TaxiRail, rendu public. « Sur l’ensemble de leurs cycles de vie, ces nouveaux matériels devront coûter significativement moins cher qu’un TER classique. Seul un niveau de gain important, justifié par des innovations de rupture, permettra de ramener certaines petites lignes dans un cercle vertueux », analyse Julien Vauchel (IAC Partners). Autre mutation majeure en perspective, une amélioration de l’accessibilité des gares, notamment en zones périurbaines ou rurales. Via sa filiale Keolis, la SNCF vient ainsi de lancer « Ma Course SNCF », un système de navette autour des gares TER. L’opération est expérimentée dans cinq communes de la Sarthe. Le 24 février, Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, a déclaré vouloir grappiller « 2 à 3% » de part modale sur la route dans les prochaines années. Autre urgence, la création de parkings dans les PEM ruraux, « un vrai enjeu d’accessibilité à l’intermodalité. Les élus doivent agir dès maintenant. Cela serait dommage qu’il n’y ait pas de monde dans les trains parce qu’il n’y a pas de place de parking », souligne un cadre de la SNCF.
Acheminement de vivres, transfert de patients : la résilience du train
Pendant les périodes de crise, le train montre une étonnante résilience. En octobre 2020, la SNCF a transformé un TER en train de marchandises, afin d’acheminer des vivres et des denrées dans la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes), qui venait d’être ravagée par des crues. Autre exemple, avec le transport en TGV de patients atteints de la Covid-19 vers d’autres régions pour désengorger les services de réanimation. « Le train est le moyen le plus sûr pour transporter les patients », évalue le docteur François Braun, président du Samu Urgences de France.