Malgré la pandémie, le train fait son retour et s’impose comme une mobilité d’avenir
Et si le train – et, plus largement, le rail – faisait son grand retour dans le paysage des mobilités et des politiques publiques ? Les signaux positifs se multiplient, sur fond d’urgence écologique.
C’est un peu comme si on le redécouvrait. Peu valorisé depuis un demi-siècle, au profit de la voiture et de l’aérien, le train revient en force dans les politiques publiques. Il s’impose comme un mode de transport efficace, très peu émetteur de gaz à effet de serre, répondant aux enjeux de protection de l’environnement. La grande majorité du réseau national est en effet électrifiée, et les innovations – hydrogène, batterie, biocarburants…- s’accélèrent pour faire émerger des solutions sur les tronçons non électrifiés. La robustesse du train lui permet de pénétrer au cœur des métropoles, tout en massifiant les flux de voyageurs ou de marchandises. On le voit avec les projets de RER métropolitains, à Bordeaux ou Strasbourg par exemple. Vecteur de cohésion sociale, le rail au sens large désenclave des quartiers, irrigue des zones d’activités et donne des raisons d’espérer à des territoires se sentant oubliés. D’où le combat, mené par les exécutifs régionaux, pour la relance des petites lignes ferroviaires, sur fond d’ouverture à la concurrence. Les régions Sud-Paca (où un tiers du réseau régional est mis en concurrence), Grand Est et Hauts-de-France mettent la SNCF sur la balance. Challengé comme jamais, l’opérateur historique propose lui-même des services améliorés, et entend répondre à tous les appels d’offres. Le rail contribue aussi à des villes apaisées, moins embouteillées et donc moins stressantes et moins polluées.
La marche vers l’ « écologisation » de la mobilité profitera au rail sur le long terme
Le plan de relance, présenté le 3 septembre 2020, consacre 4,7 milliards au secteur ferroviaire. Soit près de la moitié de la somme dédiée aux transports (11 Md€). L’effort est principalement consacré à la régénération d’un réseau ferré national trop âgé (38 ans d’âge en moyenne).
L’objectif européen de neutralité carbone, une opportunité pour le rail.
Une vétusté qui génère des ralentissements de circulation, et accroît la compétitivité du mode routier, qu’il s’agisse des voyageurs ou des marchandises. Au-delà des chiffres, le gouvernement donne des gages, avec le retour de trains de nuit et un soutien aux autoroutes ferroviaires, pour relancer un fret ferroviaire moribond (9% de part modale, soit deux fois moins que la moyenne européenne). Côté voyageurs, la loi d’orientation des mobilités de décembre 2019 fixe un objectif de doublement de part modale du rail dans les déplacements domicile-travail. Tous trajets confondus, Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, veut grappiller « 2 à 3% » à la route, en clarifiant notamment les grilles tarifaires et en rendant le TGV « populaire ». Le projet de loi « climat et résilience » prévoit la suppression des lignes aériennes intérieures dès qu’une liaison TGV de moins de 2h30 sur un même trajet existe. Rappelons, enfin, l’objectif européen de neutralité carbone dans les transports à l’horizon 2050, inscrit dans le Green Deal (pacte vert pour l’Europe) de décembre 2019. Une opportunité stratégique de long terme pour le rail. D’ici 2030, le trafic ferroviaire à grande vitesse va doubler. D’ici 2050, le trafic de fret ferroviaire doit doubler à son tour. Un plan d’investissement de 750 milliards d’euros minimum est prévu pour ce pacte vert. Il mobilisera des investissements publics et aidera à débloquer les fonds privés via des outils financiers de l’Europe.
Intermodalité dans les gares et réassurance pour les usagers, deux défis à relever
Mais les autorités organisatrices de la mobilité et leurs opérateurs de transport sont percutés par la pandémie de Covid-19, avec, en moyenne, 50% de baisse de fréquentation en 2020, et une année 2021 qui s’annonce mal. Au sortir de la crise sanitaire, il faudra faire revenir les usagers, qui ont pris de nouvelles habitudes (télétravail, vélo, voiture…), en faisant preuve de pédagogie et en apportant toujours plus de services. Le développement de l’intermodalité dans les gares est un autre axe prioritaire pour remplir les trains. « Le ferroviaire a un avenir, à condition qu’il ne soit pas cantonné au ferroviaire. Jusqu’à présent, on raisonne encore trop par silo. Le nouveau monde, c’est l’utilisation des bons moyens de transport, au bon endroit et au bon moment », insiste Michel Neugnot, président de la commission Transports et mobilité de l’Association des régions de France. Une chose est sûre : après 30 ans d’atermoiements, le rail s’apprête à faire son grand retour.