L’avènement du train à hydrogène place le matériel roulant au cœur de la transition écologique
Déjà peu polluant, le matériel roulant s’invite dans la transition écologique, pour verdir davantage son image. Alstom a conclu avec succès en février 2020 la phase pilote des deux premiers trains à hydrogène au monde, en circulation depuis septembre 2018 en Basse-Saxe, période au cours de laquelle ces deux trains de pré-série (gamme Coradia iLint) ont parcouru 180 000 km en 530 jours. À partir de 2022, 14 trains de cette gamme, équipée de piles à combustible qui transforment l’hydrogène et l’oxygène en électricité, remplaceront la flotte d’autorails de l’entreprise LNVG sur ces deux lignes. Avec l’acquisition de Bombardier Transport, Alstom fait de « l’innovation pour assurer la transition énergétique du rail » une de ses priorités et est « plus que jamais focalisé sur son ambition de décarboner la mobilité », indique le groupe le 29 janvier.
Après les succès des expérimentations en Allemagne, la France emboîte le pas
Dans ce contexte de mutation accélérée, le gouvernement français affiche ses ambitions. Le train à hydrogène (zéro émission garanti) s’inscrit dans le plan de relance du gouvernement. Lors d’une visite à l’usine Alstom de Séméac, près de Tarbes, le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a ainsi annoncé en octobre dernier le déblocage de fonds supplémentaires aux régions qui vont tester le train à hydrogène. Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Occitanie se sont déclarées prêtes à expérimenter le train à hydrogène et vont commander 14 premières rames pour leurs TER. Les premiers prototypes de trains à hydrogène ne devraient pas voir le jour avant 2023, avec une production en série à l’horizon 2025. « L’État va s’engager auprès de ces régions partenaires en investissant 4 millions d’euros en plus par région de manière à accélérer et boucler ce premier tour d’expérimentation sur le train à hydrogène », a déclaré le ministre.
Une transition accélérée par un parc diesel en fin de vie
Début mars, la région Bourgogne Franche-Comté a signé la commande à Alstom pour l’acquisition de trois rames TER Coradia polyvalent bi-mode hydrogène.
Le TER des années 2030 ne sera pas celui des années 2020.
L’investissement s’élève à 51,9 M€, et les trains devraient entrer en circulation à l’horizon 2024. Cette transition verte est aussi accélérée par le vieillissement du parc TER actuel. « Les quelque 1 500 rames diesel qui circulent au niveau national vont devoir évoluer à partir de 2022, une partie en GNV, une partie à l’hydrogène, une partie en hybride, analyse Jean-Luc Gibelin, vice-président de la région Occitanie en charge des mobilités. Le TER des années 2030 ne sera pas celui des années 2020. Les rames diesel arrivent en fin de vie. Nous sommes face à une obligation de renouvellement du parc. » Une période transitoire s’ouvre, où l’inventivité est de mise. « Des solutions mixtes peuvent être testées dans des trains diesel qui ne sont pas encore arrivés au terme de leur vie. En les équipant de batterie, ils peuvent basculer sur un mode propre à l’approche d’une agglomération », analyse Gilles Dansart, directeur de Mobilettre. Il tempère l’engouement sur l’hydrogène, filière nouvelle qui aura aussi ses contraintes, d’après lui. « Le bilan écologique est certes très positif, mais au prix d’efforts financiers phénoménaux. Par ailleurs, une station hydrogène requiert des demandes d’autorisation, avec des risques d’oppositions de riverains. »