« La transition écologique de notre mobilité passe par plus de train »
L’avenir est en « train » de s’écrire. Avec les petites lignes de train, les trains de nuit, le fret ferroviaire, les trains légers et notamment les trains à hydrogène, qui dès 2023 circuleront. Le 5 mars, à Auxerre, nous signions avec la région Bourgogne-Franche-Comté le bon de commande pour l’achat de trois rames de train à hydrogène, les premières de France. Trois autres régions (Grand Est, Occitanie et AURA), accompagnées par l’État, sont engagées pour expérimenter cette nouvelle forme de mobilité. C’est un grand espoir pour les lignes non-électrifiées.
Pourquoi le train ? Pour réussir la transition écologique de nos transports (à l’origine de 30% des émissions de gaz à effet de serre en France), il faut agir sur deux plans : transformer ceux qui émettent le plus, et développer ceux qui émettent le moins. Le rail fait partie de la deuxième catégorie. Nous avons en France un réseau ferré développé – le deuxième plus grand d’Europe, derrière l’Allemagne. Longtemps, notre réseau a été délaissé ; les ralentissements se sont accumulés ; des gares ont fermé.
C’est le cas, en particulier, pour nos petites lignes. La France en compte 9 000 km. Ces dernières décennies, elles ont été abandonnées au profit de la grande vitesse. Nous nous retrouvons ainsi avec des lignes vétustes : 30 ans d’âge en moyenne, contre 17 en Allemagne. Il devenait urgent de mettre fin à ces années de sous-investissement chronique.
Nous investissons dans le ferroviaire comme aucun gouvernement avant nous.
Nous avons décidé de contractualiser avec les régions et de réinvestir pour les sauver : 6,5 milliards d’euros sur 10 ans. Sur les 1 500 km de lignes les plus utilisées, l’État reprend la main ; sur les 6 500 km de réseau dit « intermédiaire », l’État et les régions co-investissent ; quant aux lignes d’intérêt local, il sera proposé aux régions qui le souhaitent et lorsque c’est pertinent de les reprendre. Notre ambition est de les remettre en état de fonctionner pour 30 à 40 ans. Nous avons signé avec les régions Grand Est, Centre-Val-de-Loire, Sud et Bourgogne-Franche-Comté. Ces lignes sont essentielles : elles ont un rôle social, elles assurent la cohésion de nos territoires.
Les trains de nuit assurent également ce rôle et ont manqué aux Français. Grâce au plan de relance, deux lignes rouvriront cette année : Paris-Nice en avril et Paris-Tarbes en décembre. Je veux que nous en ayons une dizaine en 2030. C’est possible : en Autriche, on n’en dénombre pas moins de 28. Nous avons d’ailleurs signé des accords avec les compagnies autrichienne, allemande et suisse pour relancer des trains de nuit européens – les lignes longue distance étant plus faciles à rentabiliser. Le Paris-Vienne roulera donc à partir de décembre, suivi du Paris-Berlin fin 2023.
Comme les petites lignes et les trains de nuit, le fret ferroviaire a été délaissé jusqu’à ne transporter plus que 9% des marchandises. Nous pouvons faire mieux. Chez certains de nos voisins, cette part atteint 30%. Je veux que la part modale du fret ferroviaire double d’ici 2030, pour atteindre 18%. Pour cela, il nous faut rétablir la compétitivité du rail vis-à-vis de la route. Nous nous y attelons en prenant en charge 70% des frais de péages ferroviaires cette année, en soutenant le wagon isolé et le transport combiné qui assurent des flux stratégiques, et en créant 3 nouvelles autoroutes ferroviaires : Calais-Sète, Cherbourg-Bayonne, et Barcelone-Perpignan-Rungis-Anvers. Chacune d’entre elles permet d’enlever 20 000 poids lourds de nos routes chaque année. Le train, c’est moins de pollution. La transition écologique – et donc l’avenir – de notre mobilité passe par plus de train. Voilà pourquoi nous investissons dans le ferroviaire comme aucun gouvernement avant nous.