QUESTIONS À… Olivier de Mazières, préfet et délégué ministériel aux partenariats, aux stratégies et aux innovations de sécurité au ministère de l’Intérieur
Quels sont aujourd’hui la nature et l’ampleur des cybermenaces ?
Les menaces cyber sont principalement de 4 ordres : économique (espionnage, rançongiciels, escroqueries…), atteinte à la personne (incitation à la haine, harcèlement, pédopornographie…), politique (campagne étatique de déstabilisation…) et intellectuel (fake news, manipulation de l’opinion…). Les cybermenaces connaissent une croissance très forte, à la mesure du développement des échanges numériques. En 2020, 91 % des organisations françaises déclaraient avoir été victimes d’une attaque.
Quelles mesures permettent d’assurer la sécurité numérique des citoyens, des pouvoirs publics et des entreprises ?
Il existe trois grands leviers. D’abord, la veille et l’anticipation des menaces, via les services de renseignement, de police judiciaire mais aussi par l’ANSSI*, qui prend en compte les attaques contre les systèmes d’information publics et privés. Il y a ensuite un volet répressif, et c’est tout le travail judiciaire avec, entre autres, la plateforme de signalement Pharos qui vient d’être renforcée ou la création d’un parquet spécialisé dans la lutte contre la haine en ligne. La prévention est enfin un levier majeur afin que chaque cybercitoyen, et chaque entité, devienne acteur de sa propre sécurité.
Quelles actions restent à mener ?
Le premier enjeu consiste à renforcer la coopération internationale sur un cyberespace qui se joue des frontières physiques. Dans le même esprit, les travaux de normalisation (ISO et CE) sont un autre levier pour généraliser les bonnes pratiques (protection, gestion de crise, continuité d’activité…). Un troisième impératif repose sur le développement de l’éducation aux risques. Derrière cela il y a la volonté d’éviter une fracture au sein des usagers du numérique entre ceux qui auraient les moyens de se prémunir et les autres, plus isolés et plus fragiles face aux cybermenaces.
* Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information