Allemagne : la doctrine de la désescalade
Depuis la fin des années 1990, les autorités allemandes ont privilégié une approche sociale et préventive en matière de gestion de la sécurité publique. Pour le maintien de l’ordre, la doctrine dite de la « désescalade » (Deeskalation) consiste ainsi à recourir à un ensemble de techniques privilégiant les interventions non violentes. Une démarche qui s’inscrit dans le cadre de la décision « Bockdorf » de la Cour constitutionnelle en 1985 imposant à la police une obligation de coopération et de communication avec les manifestants. Cette forme de gestion des conflits se traduit entre autres par le recours parcimonieux aux gaz lacrymogènes et l’interdiction des grenades de désencerclement. Le maintien de l’ordre lors de manifestations est confié à des policiers peu armés et spécifiquement formés pour ce type de mission, qui bénéficient en amont d’un gros travail de renseignement sur les groupes radicaux.
Une obligation de communication avec les manifestants.
Pour éviter tout dérapage, un cordon d’agents de communication spécialement formés, les Anti-Konflikt-Teams, vient au-devant des manifestants pour discuter avec eux et les informer de tout événement lié à la manifestation. À noter que les parcours et les dispositifs policiers à mettre en œuvre pour sécuriser toute manifestation sont décidés par un juge, et non par le représentant de la police comme le préfet en France. Par ailleurs, l’approche allemande privilégie des contrôles très stricts avant les manifestations, une présence policière très proche du cortège et des interdictions de manifester plus fréquentes. La police outre-Rhin n’en est pas pour autant exempte de critiques, notamment pour sa gestion du G20 à Hambourg en 2017.