Demain, d’autres voies pour la recherche
Les chercheurs s’accordent à respecter la condition animale, mais comment faire face à certains défis pour l’homme sans passer par l’expérimentation – pas toujours – nécessaire ?
La découverte de plusieurs vaccins anti Covid-19 il y a quelques semaines aura marqué un tournant en termes d’expérimentation sur les animaux de laboratoire. Car pour la première fois, urgence sanitaire mondiale oblige, les scientifiques n’auront pas attendu les résultats des tests sur des souris comme ils le font d’ordinaire, avant de lancer les procédures d’autorisation de mise sur le marché. Pour la première fois donc, l’animal n’aura pas servi de cobaye à l’homme. Ce qui n’aura pas manqué de susciter d’intenses polémiques entre farouches partisans d’une campagne accélérée de vaccination et adversaires au motif qu’il n’y avait pas assez de recul pour juger des effets secondaires. En clair, en contournant la traditionnelle longue phase de test sur les animaux, l’homme aura été le cobaye de lui-même. Et aux yeux des adversaires de l’expérimentation animale, cette première aura démontré que les tests n’étaient pas toujours utiles.
Pas toujours… mais bien souvent, répondent pourtant les scientifiques. Disons qu’au-delà de la question philosophique – l’humain est-il plus sacré que l’animal ? –, en matière de santé publique, il est souvent très difficile de se passer d’expérimentation et de validation sur les animaux avant l’administration d’un nouveau protocole ou une nouvelle molécule à l’être humain. Cela étant, la recherche avance à grands pas et l’on voit de nouvelles méthodes progresser dans la communauté scientifique.
Des modélisations innovantes permettent de refléter la biologie humaine.
Des modélisations totalement innovantes permettent par exemple de refléter parfaitement la biologie humaine, notamment en termes de tissus reconstruits en 3D. Une sorte d’épiderme humain baptisé HSE (Human Skin Equivalent) beaucoup plus proche de celui de l’homme que la peau animale ne peut l’être. C’est un progrès considérable. Et puis il y a des solutions proposées par certaines start-ups qui se sont lancées dans l’intelligence artificielle et la simulation. Il y a quelques années, des chercheurs d’Harvard ont mis au point des « organes sur puce » (organs on chips – OOC), des systèmes microscopiques qui permettent de recevoir des cellules vivantes et, ainsi, tester des médicaments ou des toxines. Ils ont ainsi reproduit un poumon sur une puce (lung-on-chip), capable d’inspirer et d’expirer à la manière d’un organe humain ! Ce qui a permis de travailler sur l’infection par le virus de la Covid-19. Aujourd’hui, ces technologies ne permettent pas encore de pouvoir remplacer « l’animal par le logiciel », mais la science produit des avancées très notables et les moyens de recherche consacrés à la pandémie internationale de Covid-19 accélèrent encore cette révolution. Et si l’animal reste indispensable à l’être l’humain en matière de santé publique, la communauté scientifique est convaincue qu’il va se passer dans la prochaine décennie ce qui s’est produit en matière nucléaire. En effet, depuis l’arrêt des essais polynésiens, la recherche atomique se fait exclusivement sur simulateur. Et plus personne ne songerait aujourd’hui à reprendre des essais nucléaires comme c’était le cas à Mururoa jusqu’en 1995.