Expérimentations animales encadrées et principe des 3 R
Les animaux ont toujours servi de cobayes à l’homme, et souvent permis de faire avancer la science, notamment en médecine. Mais depuis quelques années, les expérimentations sont très règlementées.
Dès 1959, deux biologistes anglais, William Russel et Rex Burch, conscients des problèmes éthiques et moraux que pouvaient poser les expérimentations animales, proposent à leurs confrères scientifiques à travers le monde de s’engager sur une charte : « Reduce, Refine, Replace ». En clair, « réduire » le nombre d’animaux sujets à expériences, « raffiner » les procédures afin que les animaux souffrent le moins possible, et « remplacer » l’expérimentation animale par d’autres techniques lorsque c’est possible. Depuis, ce principe des 3R est plutôt bien suivi par la communauté scientifique. Et même si les associations de protection des animaux ne le trouvent pas encore suffisant, il a du moins contraint quelques laboratoires à s’interroger sur l’éthique de certaines pratiques, particulièrement en cosmétologie, qui n’a plus le droit de tester ses produits sur des animaux vivants.
Aujourd’hui, l’expérimentation sur les animaux est très fortement encadrée
Particulièrement depuis la directive européenne de 2010 – transposée en droit français en 2014 – qui fixe des règles beaucoup plus contraignantes et oblige chaque chercheur à justifier son recours à l’animal. Qu’il s’agisse de tester de nouvelles molécules en cancérologie ou de travailler sur des thérapies géniques afin de rendre la vue aux patients, chaque scientifique doit désormais obtenir l’accord d’un comité d’éthique. Tout manquement à cette procédure pouvant entraîner de fortes amendes et même, en cas de récidive, des peines dissuasives comme la fermeture, temporaire ou définitive d’un laboratoire ou d’une entreprise. Quant à la souffrance des cobayes, elle est évaluée préalablement selon plusieurs niveaux, du plus léger (la simple biopsie d’un tissu avec anesthésie locale) au plus sévère (chocs électriques répétés ou essais de toxicité allant jusqu’à la mort).
Dans un entretien accordé au journal La Croix en janvier 2020, Saaid Safieddine, un généticien travaillant sur la surdité profonde, reconnaissait qu’il y a dix ans, on ne pensait pas trop à la souffrance animale, « l’essentiel était surtout de faire avancer notre projet. Alors qu’aujourd’hui la question du bien-être animal se pose avant même de commencer un projet médical »
Quand le choc des images balaie la raison sanitaire
Juin 2019, une vidéo choc fait le tour des réseaux sociaux. On y voit des bovins flanqués d’un trou de 20 cm de diamètre donnant accès à leur estomac. Sur ces images, des techniciens plongent le bras jusqu’au coude dans les intestins de l’animal pour y déposer ou retirer des aliments. Le scandale des « vaches à hublot » s’empare des médias, et le laboratoire Avril, qui a mis au point ce procédé, ne parviendra jamais à justifier qu’il étudie ainsi le processus de digestion des laitières pour les rendre plus productives. Or c’est la réalité, et la « canulation », procédé bien connu depuis le 19ème siècle, est considéré comme totalement indolore par les vétérinaires qui rappellent qu’elle permet de diminuer l’utilisation d’antibiotiques et de réduire les émissions de méthane. Pourtant, le choc des images est tel sur l’opinion publique que le gouvernement demandera l’abolition de cette technique à l’horizon 2025.