De Cousteau à Bardot… le combat pour les animaux
La lutte contre la maltraitance animale est assez récente, et a souvent été incarnée par des personnalités publiques devenues des « lanceurs d’alerte ».
Ce 2 juillet 1850, derrière l’épaisse moustache du député Jacques Delmas de Grammont, les élus présents dans l’hémicycle remarquent le sourire qui s’esquisse sur le visage du député dont l’Assemblée vient de voter le texte : « Seront punis d’une amende de cinq à quinze francs, et pourront l’être d’un à cinq jours de prison, ceux qui auront exercé publiquement et abusivement des mauvais traitements envers les animaux domestiques ». Ainsi naît la première loi qui vise à protéger les animaux. Il y en aura d’autres. C’est aussi la première fois qu’une personnalité publique s’engage dans un tel combat. Delmas de Grammont, ancien général d’armée, n’avait de cesse de dire qu’il avait été si ému par l’aide des chevaux sur les champs de bataille, et parfois leur sort, pour ne pas s’en préoccuper.
Dans cette France du milieu du XIXe siècle, la lutte contre la maltraitance animale n’est pourtant pas courante. Les chiens errants sont battus à coups de pioche, et l’on organise des combats de coqs dans les arrière-salles des estaminets. Mais cet engagement n’est pas non plus marginal et certaines personnalités vont très nettement faire avancer les choses, comme le médecin Pierre Dumont de Monteux, qui s’indigne un jour de septembre 1843 de voir un homme fouetter son cheval épuisé dans une ruelle de Paris : « Où est la pitié, où sont les sentiments moraux qui doivent caractériser l’homme social ? » Il fondera, deux ans plus tard, avec un confrère de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le docteur Etienne Pariset, la Société protectrice des animaux (SPA). Souvent, la lutte contre la maltraitance sera aussi incarnée par des personnalités sachant utiliser les médias comme un levier pour alerter l’opinion publique. Aujourd’hui les vidéos chocs de certaines associations comme L214, hier les images du commandant Jacques-Yves Cousteau qui, en 1956, obtient la Palme d’or du Festival de Cannes avec son film documentaire « Le monde du silence », tourné à bord de La Calypso. C’est la première fois qu’un documentaire est primé. Et la première fois que l’on observe avec attention la faune sous-marine et que l’opinion publique prend conscience de sa fragilité.
Ce seront également les combats d’une autre icône, Brigitte Bardot, qui fait la Une de Paris Match en avril 1977 pour évoquer sa croisade contre le massacre des bébés phoques sur la banquise nord-canadienne. A l’époque, certains sourient de cette initiative de la star internationale qui s’était déjà insurgée au début des années 60 contre certaines méthodes d’abattage. Aujourd’hui, force est de constater que ces premiers engagements de BB auront largement aidé à la protection des animaux. Désormais, la Fondation Brigitte Bardot, créée en 1986, est un acteur incontournable et influent sur tous les continents. Reconnue d’utilité publique, l’organisation revendique plus de 75 000 donateurs et bienfaiteurs, 120 salariés, et un budget de 23 millions d’euros. Surtout, la Fondation est intervenue dans la plupart des combats contre la maltraitance, et notamment l’expérimentation animale, le braconnage, le transport des animaux de boucherie, la captivité des animaux sauvages ou les élevages destinés à la fourrure.