QUESTIONS À… François Patriat, sénateur de Côte d’Or, président du groupe RDPI* et ancien ministre de l’Agriculture et de la Pêche
Vous avez souvent été présenté comme un partisan de la chasse. Vous assumez ?
La chasse exacerbe toutes les passions, celles de ses adversaires comme celles de ses supporters. Je dirais même qu’elle révèle une vraie crise de société, entre certains habitants de nos territoires ruraux et des idéaux urbains. Il faut donc casser cette spirale conflictuelle, qui n’avance à rien, et ne pas résumer la chasse à l’acte de tuer, et donc à la souffrance animale.
Mais comment aligner des points de vue si radicalement différents ?
D’abord, il faut que les chasseurs adaptent leurs comportements, ce qu’ils font déjà beaucoup. Mais ils peuvent et doivent aller plus loin, sur la protection de la faune et la flore par exemple, la préservation de la biodiversité. Dans nos circonscriptions, les fédérations de chasseurs doivent être vertueuses, ce sera gagnant/gagnant. Pour autant, attention à la caricature ! La « métropolisation » accentue la fracture entre nos deux mondes. Certains adversaires de la chasse ont une vision totalement idéalisée de la nature, ils ne nous écoutent pas, et vivent de slogans. Or le bien-être animal peut et doit être partagé par tous.
Vous comprenez que certaines pratiques traditionnelles voire « ancestrales » puissent choquer ?
Bien évidemment, mais on montre toujours les mêmes images, très rares d’ailleurs, celles de la chasse à la glu ou à l’ortolan. Cela indigne et c’est normal. Moi, je propose que l’on fasse ce que l’on a fait avec le « privilège des bouilleurs de crus ». Que seuls ceux qui pratiquent exceptionnellement cette chasse y aient droit, puis que cette pratique disparaisse avec eux. Qu’il n’y ait aucune transmission.
* Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants