Pendant des millénaires, l’animal était une chose…
L’animal a-t-il toujours occupé la même place dans la société ?
L’animal a d’abord été considéré par l’homme comme un moyen de se nourrir, mais aussi comme un prédateur et un danger, même si, lorsque l’on regarde les peintures rupestres, la grotte Chauvet… on remarque que les animaux pouvaient aussi être symboles de force, de rapidité, de danger… dans l’imaginaire des hommes. Le vrai changement apparaît avec la révolution néolithique, quand l’homme se met à domestiquer les animaux, c’est-à-dire à les contrôler, qu’il s’agisse de leurs mouvements, leur nourriture ou leur reproduction. Ce que Jacques Cauvin théorise dans La révolution des symboles, quand il écrit que l’homme commence à se placer « au-dessus » des animaux. C’est-à-dire qu’il s’extrait du règne animal et, donc, s’approprie les animaux et en prend le contrôle.
L’homme devient le maître ?
Exactement. L’homme devient dominateur en quittant le règne animal, ce qui correspond à une révolution économique et sociale. A partir du moment où il commence à se sédentariser, ne plus bouger pour suivre les migrations, ne plus suivre les saisons… l’homme doit contrôler son environnement. D’abord par l’exploitation de la culture, des plantes, des céréales… puis des animaux. Plutôt que les suivre partout, il va désormais les garder près de lui. C’est une véritable évolution sociale, le début de l’élevage… et la possibilité d’avoir de la nourriture à proximité, et à disposition.
Le rôle de l’animal devient de nourrir, protéger et aider…
Oui, car la sédentarité va aussi provoquer un essor démographique et, donc, une accentuation des besoins. De nourriture, mais aussi de produits secondaires comme le lait, les peaux, le fumier… et bien sûr de la force du bétail pour les labours, le portage. C’est une vraie raison de la domestication des animaux : l’apport de viande oui, mais pas seulement.
Pourtant, l’homme va toujours plus ou moins maltraiter cet animal
Car il le considère comme un esclave, un inférieur… et en dispose comme d’un objet. Ce sera la différence entre les animaux domestiqués pour des besoins alimentaires et ceux qui sont considérés comme des compagnons, le chien ou le chat par exemple, qui n’ont jamais été domestiqués dans un but alimentaire, mais pour chasser les rongeurs par exemple dans le cas du chat. Pareil pour le chien, qui aide l’homme à la chasse. Mais au fond, l’homme ne se posait pas la question de la maltraitance… l’animal était une chose, un point c’est tout.
La loi elle-même l’a longtemps considéré comme une chose…
Pendant des millénaires, l’animal était « utile », c’était une vision simple. Mais en quelques années, deux points de vue s’opposent désormais. D’un côté, celui qui considère encore l’animal comme une ressource en viande, sans se soucier des conditions d’élevage, parfois assez horribles… et de l’autre côté, un point de vue qui s’est développé en réaction, qui a conscience de la souffrance animale, la maltraitance. L’heureuse nouvelle, c’est qu’aujourd’hui il y a une vraie conscience de la place et du rôle des animaux auprès de nous.