QUESTIONS À… Charlotte Sève, doctorante au Criobe (Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement)
Quels impacts socio-économiques sur les territoires d’une aire marine protégée (AMP) ?
Sur 12 AMP étudiées en Méditerranée, on a montré des retombées économiques et des créations d’emploi pour les clubs de plongée et le tourisme en général, ainsi que pour la pêche récréative. La réserve de Cerbère-Banyuls, elle, a un programme d’aire marine éducative qui participe à son succès et à l’économie locale. La protection a un impact avéré sur le patrimoine culturel, à l’instar de la tradition de refuge, le rahui, en Polynésie française. Et, en limitant la pêche industrielle, les AMP permettent à des petits métiers de perdurer. Selon une étude de Nature (Ban et al., 2019), la protection intégrale a un impact positif sur le bien-être des populations, à travers leur implication dans leur territoire et l’augmentation des captures de poissons et des revenus.
Car une AMP favorise les captures de poissons ?
On recommande de penser une AMP également comme outil de gestion des pêches. Les poissons débordent de la zone et comme ils sont plus gros, ils produisent plus de larves. Le temps d’apparition des bénéfices varie notamment selon l’état initial des stocks.
Comment optimiser ces bénéfices ?
Je travaille sur l’intégration de différents niveaux de protection au sein des réseaux pour maximiser les bénéfices écologiques et ceux liés aux usages. Il peut être compliqué de mettre en place une très grande AMP, notamment quand il y a beaucoup d’activités. On peut alors penser un réseau de petites aires qui aura plus d’impact grâce à des effets de synergie. Il est important de s’approprier ces outils de gestion dont les bénéfices peuvent résonner encore plus sur l’écosystème, la société et les acteurs du territoire.