Le port du Conquet recycle ses filets de pêche
800 tonnes de filets de pêche finissent en déchets portuaires chaque année en France, dont 200 dans le seul Finistère. En effet, en moyenne au bout de huit mois, trop abîmés, ils ne peuvent plus être réparés. En observant des amoncèlements de ces filets sur les quais, trois jeunes designers ont eu l’idée de les recycler pour obtenir une nouvelle matière première.
Fil & Fab, une jeune entreprise ancrée au cœur de sa ressource.
Les filets étaient jusque-là brûlés, enfouis ou envoyés à l’étranger. En 2019, Yann Louboutin, Théo Desprez et Thibault Uguen créent Fil & Fab, la première filière de recyclage de filets de pêche en France. Au port du Conquet, les rencontres avec les pêcheurs se font grâce au parc naturel marin d’Iroise, qui joue les facilitateurs, dans un souci de sensibilisation. Les pêcheurs sont incités à déposer leurs filets hors d’usage dans des bennes, gérées par le collecteur Guyot Environnement et transportées jusqu’au hangar de Fil & Fab, à Plougonvelin, à 10 kilomètres de là. Les filets sont ensuite démontés pour ne conserver que les nappes en polyamide, un plastique très résistant. Après broyage et granulation, les billes obtenues redeviennent matière première. Aujourd’hui, Fil & Fab fournit notamment une marque horlogère de luxe et un lunetier. Cette valorisation d’un gisement existant plaide pour l’arrêt de la production globale de nouveaux plastiques.
« Nous sommes une entreprise ancrée au cœur de sa ressource qui ne se veut pas scalaire, mais duplicable », expliquent les fondateurs. Les discussions sont donc lancées avec le Morbihan où Fil & Fab pourrait coordonner la filière locale ; avec le département de Seine-Maritime où ils proposent le même scénario pour les ports normands, avec une ouverture vers les Hauts-de-France à plus long terme ; et même au sud, en Occitanie.