Les gigantesques défis du transport maritime
Cette industrie au service du commerce international met en œuvre de nombreuses solutions de transition. L’objectif est le verdissement du secteur.
La première urgence pour les acteurs du secteur est de survivre à la crise liée au Covid-19. Particulièrement impactés, les ports de commerce se sont toutefois révélés un maillon indispensable à la performance des chaînes logistiques. Pour soutenir la relance des ports, une charte d’engagement logistique a été signée le 7 octobre dernier au ministère des Transports. Elle prévoit notamment de favoriser le passage des marchandises par les ports français. Au niveau environnemental, l’urgence est à la décarbonation du secteur. Le transport maritime représente 90 % des échanges mondiaux de marchandises, et avec 92 295 navires (2019), il compte pour 2,2 à 2,6 % du total des émissions de CO2 en 2020. Même si l’efficacité énergétique des navires s’améliore, la croissance du commerce est continue et les projections n’indiquent pas une diminution du volume des émissions. Une stratégie de réduction a été mise en place en 2018 avec un objectif de – 50 % des émissions de CO2 en 2050 et, le 1er janvier 2020, l’OMI (Organisation maritime internationale, regroupant 174 membres) a imposé une réglementation réduisant les émissions d’oxydes de soufre.
Green Marine Europe, un label pour évaluer la performance environnementale de l’industrie maritime
Les armateurs s’adaptent avec des solutions précombustion comme le GNL (gaz naturel liquéfié), le développement de l’électricité et de l’hydrogène. En solutions postcombustion, ils installent des filtres à particules (les scrubbers) ou développent des torpilles de glace pour cryogéniser les émissions. Un navire CMA CGM propulsé à l’hydrogène liquide est par exemple en projet pour 2025, en partenariat avec Engie et ArianeGroup. Ou, dès aujourd’hui, une solution de transition est apportée par un porte-conteneur CMA CGM propulsé au GNL.
Le secteur représente 2,2 à 2,6 % du total des émissions de CO2.
Ce combustible fossile piégé dans les roches du sous-sol à l’état gazeux est également issu de la décomposition de la matière organique, mais il est surtout composé de méthane et émet deux fois moins de CO2 que le charbon et 25 % de moins que le brut. Un projet de terminal méthanier au sein du grand port maritime de Dunkerque pour l’avitaillement en GNL est soutenu par la CCI Littoral Hauts-de-France. Pour permettre aux compagnies maritimes de mesurer leur empreinte, puis de s’engager dans une démarche d’amélioration de leur performance, un label environnemental a vu le jour au printemps dernier sous l’impulsion de l’ONG Surfrider Europe, avec la collaboration des Armateurs de France. Green Marine Europe est un programme volontaire de certification qui prend en compte des indicateurs tels que le bruit sous-marin, les émissions atmosphériques, les espèces aquatiques envahissantes (transportées dans les eaux de ballast), le recyclage des navires, etc. Les lauréats 2020 sont Brittany Ferries, CORSICA linea, Genavir, Ifremer, La Méridionale, Orange Marine et Socatra. Ceux-ci sont engagés dans une démarche à long terme dépassant les exigences réglementaires. Pour une décarbonation totale, il y a aussi le… vent. « Le vent est la seule solution déjà disponible pour propulser de grands navires sur de grandes distances de manière décarbonée, souligne Florent Violain, président de l’association Wind Ship. Une étude de Frontier Economics de 2019 pour le ministère du Transport britannique prévoit que 45 % de la flotte mondiale sera équipée en 2050. » Parmi les acteurs français du vélique, il y a l’armateur Neoline dont le premier chargeur partenaire est Renault, ou les voiliers cargo Towt et Grain de Sail.