« Le nautisme est l’un des piliers historiques de Cannes, avec le tourisme et le satellitaire. Et l’un des piliers de nos perspectives économiques »
Quand on pense à Cannes, on pense à la culture et à l’espace. Quel est son lien avec le maritime ?
Et ça nous va bien ! Vivre à Cannes, c’est avoir les pieds sur terre, le regard sur l’horizon et de temps en temps la tête dans les étoiles. Cannes est née autour de son port de pêche, autour de la prud’homie. Celle-ci est la plus grande du secteur Alpes-Maritimes et Var, avec 35 pêcheurs professionnels. Le nautisme est l’un des trois piliers historiques économiques de la ville, avec le tourisme et le satellitaire. Et, c’est l’un des piliers de nos perspectives économiques.
Quelle est l’ambition globale en termes de politique maritime ?
C’est une ambition qui a trois dimensions : économique, écologique, identitaire. L’enjeu économique est majeur, notamment avec les établissements balnéaires qui accompagnent le Palais des festivals et des congrès sur la partie Croisette. L’activité, c’est aussi la pêche, les loisirs, le sport et les cinq ports cannois, l’une des plus grandes offres portuaires avec 2 055 anneaux.
Cannes est née autour de son port de pêche, autour de la prud’homie.
Nous développons la filière nautique à travers un pôle d’excellence maritime mis en place sur Cannes-Mandelieu-la-Napoule, axé sur la formation, l’innovation et la compétitivité. Parallèlement, il y a un enjeu écologique. Nous nous sommes positionnés très tôt avec l’Agenda 21. Port Canto, qui est un port municipal, est l’un des premiers à avoir obtenu un pavillon bleu et le label port propre. Nous avons mis en place une charte antiplastique pour les kiosquiers bien antérieurement à la loi, un label de qualité des poissons pêchés dans la baie… Nous développons une multitude d’actions sur le pluvial : des bassins de rétention ou une expérimentation avec l’intercommunalité sur des filets en sortie de vallon qui vont jusqu’au filtrage des mégots de cigarettes.
Pourquoi avoir mis en place une charte « croisière » ?
Je voyais de plus en plus de bateaux arriver dans la baie, au-delà des 300 mètres, là où l’on n’a aucun contrôle. En tant que maire, j’étais exaspéré et j’avais du mal à faire évoluer les compagnies de croisière sur le respect des plans de mouillage, qui est du ressort de l’Etat, sur les rejets d’eau et sur l’utilisation des carburants. La charte « croisière », mise en place en 2018, a bousculé la donne. Nous avons dit que nous n’accueillerions plus à terre de croisiéristes qui arriveraient de bateaux ne respectant pas la baie. Ils se sont tous pliés et c’est énorme : plus de 400 000 croisiéristes sont concernés. Nous préservons ainsi les champs de posidonies, des réservoirs de faune et d’énormes capteurs de CO2, détruits par les grosses chaînes qui balaient les fonds.
Votre troisième ambition est donc identitaire. Dans quel sens ?
Tout ce travail économique et écologique est lié. C’est un ciment identitaire parce qu’on est une ville maritime, un village provençal, mais tourné vers le monde et cela vient de ce rapport à la mer. Nous le cultivons avec les régates royales, avec le Yacht club qui fait un travail remarquable. Et bientôt, tous les enfants suivront une éducation sportive et maritime. Enfin, il y a la demande d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco des îles de Lérins, une façon de sanctuariser ce joyau de la Méditerranée.